Au cours d'un entretien avec Le Devoir, le directeur de la santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le Dr André Delorme, a donné des explications sur le plan d'action en santé mentale du Québec.

Pour le ministère, s'il est vrai qu'il devra investir davantage d'argent en santé mentale pour appliquer son plan d'action 2005-2010, une partie l'incapacité de suffire à la demande découle du fait qu'il n'y a pas de première ligne.

"Le plan d'action en santé mentale prévoit le renforcement de la première ligne par un transfert du tiers des ressources (psychologues, travailleurs sociaux, infirmières spécialisées, etc.) épaulant les psychiatres et les pédopsychiatres de la deuxième et troisième lignes. (...) Or les psychiatres s'insurgent, invoquant le manque actuel de ressources des deuxième et troisième lignes.

(...) c'est la répartition (des psychiatres) entre les régions qui est déficiente, a fait valoir le Dr Delorme. La moitié des psychiatres du Québec travaillent à Montréal, qui ne compte pourtant que le quart de la population québécoise. Québec est aussi trop bien pourvu en psychiatres, a signalé M. Delorme.

(...) Outre le transfert de ressources professionnelles vers les centres de services sociaux (CSSS) et la première ligne, le plan d'action instaure la fonction de psychiatres répondants ou de pédopsychiatres répondants. Le ministère veut que les psychiatres consacrent une journée par semaine à donner des conseils à des médecins de la première ligne dans toutes les régions du Québec. De même, les pédopsychiatres, qui ne sont présents que dans les grands centres, pourraient conseiller des psychiatres en région.

Mais l'Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) s'oppose fermement à la généralisation de cette fonction conseil. Les psychiatres en ont déjà plein les bras avec leurs consultations en cliniques, allègue l'AMPQ. C'est particulièrement vrai pour les pédopsychiatres, une spécialité qui est en pénurie.

(...) «S'il y a un manque de ressources et s'ils ne font que de la clinique, ils ne répondront jamais aux besoins», estime Dr. Delorme. De là, l'importance de développer la première ligne appuyée par des pédopsychiatres répondants. À terme, la première ligne soulagera la deuxième, croit-on au ministère.

(...) Aux États-Unis et dans le reste du Canada, 40 % des gens qui ont recours à un médecin généraliste le font pour un problème de santé mentale, a avancé le Dr Delorme. Ce virage en faveur de la première ligne, «ce n'est pas une lubie de quelqu'un au ministère, c'est en accord avec la "littérature" mondiale et avec les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé».

Source: Le devoir, 29 janvier 2007

Voyez à ce sujet:

Les psychiatres contre le plan d'action en santé mentale (Québec)

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