Dix ans après l’adoption de la loi de protection du malade mental, plus d'une centaine de malades mentaux sont "colloqués" en institution chaque semaine. En six ans, les admissions forcées, à la demande d’un tiers, ont augmenté de 40% portant à près de 6000 le nombre de personnes "colloquées" annuellement dans les instituts psychiatriques en Belgique.

Des chiffres "qui prouvent la déficience du système de santé mentale", selon Vincent Lorant et Vincent Dubois, coauteurs d'une étude sur les dérives de l'hospitalisation psychiatrique forcée.

Ils dénoncent un retour "à la politique asilaire à laquelle le pays s'était engagé à renoncer après 1945" et estiment qu'il y a trop d'hôpitaux-asiles et pas assez de centres de santé mentale décentralisés et adaptés à la prise en charge de troubles graves.

La loi a apporté des améliorations majeures, par rapport à la loi de « collocation » de 1850, à commencer par l’obligation de procéder à une expertise médicale préalable à la mise en observation, a expliqué Vincent Lorant au journal le Soir. Mais la privation de liberté du patient semble être devenue la règle, alors que la loi la conçoit comme une exception.

Alors que la procédure ordinaire prévue par la loi passe par le juge de paix, qui a dix jours pour statuer après avoir entendu les parties, précise-t-il, dans les faits, on a quasi systématiquement recours à la procédure d’urgence qui permet au procureur du Roi d’obtenir une mise en observation dans des délais très rapides, sur la base d’une expertise médicale qui n’est pas toujours menée dans de bonnes conditions.

Le secteur, qui avait déjà manifesté sa grogne fin 2003 par l'intermédiaire de la Plate-forme de concertation pour la Santé mentale, a alerté vendredi par courrier la ministre de la Santé Laurette Onkelinx. Les membres de la Plate-forme se disent "débordés" par les demandes de "collocation" et dénoncent "le défaut d'alternative à la prise en charge hospitalière contrainte", indique le journal Le Soir.

Psychomédia avec sources:
Le soir
RTL Info.be