Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les hôpitaux psychiatriques français, rendu public le 31 mai, pointe du doigt « de vrais dysfonctionnements en matière de sécurité au sein des hôpitaux où sont soignés les internés d'office ».

Sur 160 000 patients des hôpitaux psychiatriques, 80 000 sont internés d'office afin de les protéger d'eux-mêmes ou pour les empêcher d'agresser d'autres personnes.

Le rapport, intitulé « Analyse d'accidents en psychiatrie et propositions pour les éviter », indique qu'au cours des 5 dernières années, 19 patients ont tué une autre personne dans l'établissement ou en dehors. En 2009, 1 870 agressions du personnel ont été recensées ainsi qu'une dizaine de cas de violences sexuelles. Un chiffre « probablement sous-estimé », selon le rapport.

L'Igas estime à 10 000, soit 12 % de la population internée, le nombre de patients ayant réussi à s'enfuir de leur hôpital psychiatrique chaque année.

Ces drames, évalue l'IGAS sont dus à des dysfonctionnements et à une mauvaise organisation du secteur. Ainsi, les malades sont regroupés par ville d'origine, et non par pathologies. « Au sein de ces petites structures, on assiste au mélange de sujets fragiles, parfois âgés, apaisés ou proches de la sortie, avec des jeunes entrant en crise, souvent violents », explique l'Igas. Certains schizophrènes et psychotiques sont ainsi hospitalisés avec des malades ayant de simples troubles de l'humeur ou du comportement. « De tels regroupements facilitent les agressions et les homicides », souligne le rapport.

« La gestion des ressources humaines dans les établissements de santé mentale est à l’origine de bien des difficultés », considère également le rapport. « L’absentéisme des personnels soignants atteint parfois des niveaux inquiétants, les accords de réduction du temps de travail ont été négociés dans certains établissements de façon anormalement libérale et réduisent un temps de travail que viennent grignoter les trop nombreuses pauses des fumeurs », considère le rapport.

L’IGAS appelle à un changement d’état d’esprit au sein des établissements de santé mentale. « Non seulement la sécurité et la qualité des soins ne sont pas des notions opposées, mais la sécurité fait partie de la qualité des soins », tout comme le « respect des malades ».

Elle propose quelques pistes pour améliorer la sécurité, notamment :

- l'installation de sas et l'utilisation de badges d'accès pour circuler dans l'établissement ;
- des sanitaires séparés pour les hommes et les femmes ;
- la mise en place de moyens de distraction pour les malades hospitalisés ; - le remplacement des chambres collectives par des chambres individuelles.

Une autre recommandation est que les familles soient consultées avant qu'un malade ne soit renvoyé chez lui. « La mission a constaté que ces personnes sont rarement entendues, alors que cela pourrait éviter des drames », note Le Parisien.

Le rapport pointe également le manque d'unités spécialisées pour les enfants malades mentaux. Ces derniers se retrouvent internés au milieu des adultes.

Ce mardi les députés ont validé en deuxième lecture le projet de loi réformant l’hospitalisation sous contrainte. Les psychiatres, rapporte Le Monde, sont fortement opposés à la loi, y voyant une visée plus sécuritaire que sanitaire. Les représentants des patients sont aussi très critiques, réclamant pour leur part une réforme concernant l'ensemble des patients et non seulement les malades potentiellement dangereux.

Consulter le rapport.

Psychomédia avec sources : IGAS, Le Figaro, Le Monde, le Quotidien du médecin.
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