Les travaux de quelques équipes de chercheurs dans le domaine de la psychologie animale ont été présentés à la rencontre annuelle de l'American Association for the Advancement of Science. Ces chercheurs décrivaient également les apports de leurs recherches pour la psychologie humaine.

Une équipe de chercheurs de l'université du Texas a étudié les traits de personnalité chez les chiens et les hyènes qui, comme chez les humains, peuvent être identifiés et mesurés. Ils ont étudié la tendance à la peur, l'anxiété, la curiosité et la sociabilité. La personnalité n'est pas unique aux humains, pensent-ils.

La mesure de la personnalité a des implications pour le bien-être animal, par exemple quand les chiens sont pairés avec des propriétaires ou sélectionnés pour divers types de travail. Cette meilleure connaissance permet aussi aux chercheurs d'explorer les diverses causes biologiques, génétiques et environnementales au tempérament d'un animal.

Mais selon l'un de ces chercheurs tous les traits de personnalité ne sont pas présents dans toutes les espèces. La conscience et la fiabilité ne seraient présents que chez les chimpanzés et les humains.

Certains comportements parentaux chez les singes ressemblent aussi aux comportements humains selon un chercheur de l'université de Chicago. Dans sa recherche sur le développement des comportements maternels, il a observé que les jeunes filles comme les jeunes femelles rhésus recherchent activement des opportunités d'interagir avec des bébés, ce que les mâles sont beaucoup moins enclins à faire.

Certaines études ont montré que le stress social tôt dans la vie peut accélérer la puberté chez les jeunes filles, raconte le chercheur. Les recherches de son équipe ont montré que le stress précoce peut aussi accélérer le développement des comportements maternels chez les humains et chez les singes. Dans un article paru dans Developmental Science, il rapporte que les adolescentes qui grandissent sans père à la maison atteignent la puberté plus tôt et sont plus attirées par des photos de bébés que les filles ayant un père à la maison

Selon des résultats à paraître dans le Journal Proceedings B, les femelles rhésus exposées à des soins maternels durs et imprévisibles dans la jeune enfance montrent aussi un intérêt précoce pour les bébés et un plus haut niveau d'hormones de stress durant leur développement.

Des chercheures de l'université de Californie ont étudié quant à elles, chez certaines espèces de singes (tamarin et ouistiti) un fonctionnement qui ne trouve pas de correspondance directe chez l'humain. Les femelles subordonnées socialement deviennent infertiles en réponse aux interactions avec une femelle dominante. Plutôt que d'enfanter, elles aident à élever les enfants de la femelle dominante. Les chercheures croient que ce changement hormonal bénéficie aux femelles subordonnées en leur permettant d'élever des enfants. Car quand elles donnent naissance, leurs enfants sont fort probablement tués par le femelle dominante selon des résultats récents.

Ces singes ont une structure sociale très spéciale qui ne se retrouve pas chez les humains, explique l'auteure. Ce phénomène exact de la suppression de la fertilité ne se retrouve pas chez les humains mais, croit-elle, peut aider à comprendre comment la fertilité humaine peut être influencée par des facteurs sociaux et psychologiques.

Enfin des chercheurs ont exploré certains mécanismes biologiques soustendant les comportements d'accouplement du campagnol, une espèce de rongeur. Les campagnols de prairie s'accouplent pour la vie alors qu'une espèce très proche, le campagnol des prés a plusieurs partenaires.

Une différence sous-jacente, selon les chercheurs, semble être que les récepteurs d'une hormone appelée vasopressine sont concentrés dans différentes régions du cerveau pour chaque espèce. Ces récepteurs sont situés dans les mêmes régions que celles impliquées dans la réaction aux récompenses (le plaisir) et la dépendance ("addiction") chez l'espèce monogame ce qui n'est pas le cas chez les autres espèces de campagnol. Les chercheurs ont aussi identifié que la localisation des récepteurs est déterminée par un seul gène qui contient un extra d'ADN chez le campagnol monogame comparativement aux autres espèces.

Des variations similaires de ce gène auraient aussi été trouvées chez l'humain. D'autres études auraient montré des associations entre cette variabilité génétique et l'autisme qui est une maladie qui affecte les liens sociaux et le comportement.

Eurelakert
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