Les rats sont capables de comportement altruiste (ou comportement pro-social) qui implique l'empathie, montre une étude américaine publiée dans la revue Science. Les scientifiques, apprend-on, pensaient que seuls les primates étaient capables d'empathie, c'est-à-dire de se mettre à la place de l'autre et de ressentir ses émotions.

Ben-Ami Bartal, Jean Decety et Peggy Mason de l'Université de Chicago ont placé des rats en captivité deux par deux pendant deux semaines avant de mettre l’un des deux dans un petit tube transparent fermé. L’autre rat était laissé libre de se déplacer dans la cage principale.

La trappe du tube était plutôt difficile à ouvrir mais les rats ne cessaient d’essayer de le faire et réussissaient au bout de 6 ou 7 jours en moyenne à libérer leur congénère (23 rats sur 30 ont réussi). Lorsque le tube était vide ou contenait un leurre, ils ne se donnaient pas tant de mal pour ouvrir la trappe (5 sur 40).

Même lorsque le dispositif empêchait les rats d’entrer en contact une fois la trappe ouverte, ils libéraient les prisonniers. La récompense par le contact et l’interaction n’était donc pas la seule motivation de leur comportement, analysent les chercheurs.

Mieux, les rats choisissaient même de libérer leur congénère avant de partager du chocolat disponible dans la pièce.

Une plus grande proportion de femelles que de mâles libéraient les rats en détresse, ce qui tend à confirmer des études précédentes.

De plus en plus de scientifiques considèrent que les animaux, autres que les primates, peuvent être capables d'empathie, disent les auteurs, même s'il demeure des sceptiques.

Daniel Povinelli, directeur du département de cognition évolutive de l’Université de Louisiane, est l'un de ces derniers: "cette expérience ne révèle en aucun cas la capacité empathique des rats. Ce serait plutôt le syndrome de contagion émotionnelle qui pousse ces animaux à coordonner leurs comportements dans le but d’annihiler une détresse émotionnelle". Les deux hypothèses n'impliquent pas les mêmes mécanismes cognitifs et émotifs, et les mêmes structures cérébrales.

Psychomédia avec sources: Science et Avenir, National Geographic France.
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