Les humains ne sont pas les seuls à faire comme les Romains lorsqu'ils sont à Rome. Les singes vervet le font aussi, montre une étude parue dans la revue Science.

Erica van de Waal et Andrew Whiten de l'Université de St-Andrew (1) ont observé chez des singes vervets en Afrique du Sud que lorsque les adultes mâles migrent dans de nouveaux groupes, ils se conforment rapidement aux normes sociales de ces derniers.

Les chercheurs ont fourni à deux groupes de singes vervets sauvages des boîtes de maïs teinté rose et de maïs teinté bleu. Le maïs bleu a été traité pour avoir un goût repoussant et les singes ont vite appris à ne manger que du maïs rose. Deux autres groupes étaient entraînés de la même façon à ne manger que du maïs bleu.

Après un certain temps où aucun maïs n'était offert, une nouvelle génération d'enfants se sont fait offrir les deux couleurs de maïs, les deux goûtant la même chose cette fois. Les adultes présents se rappelaient leur couleur préférée et ne mangeaient que cette dernière. Presque chaque enfant a copié le reste du groupe, ne mangeant seulement que la couleur préférée des adultes.

Le phénomène le plus intéressant est survenu lorsque les mâles ont commencé à migrer entre les groupes durant la saison des accouplements. Sur les 10 qui ont migré vers des groupes qui mangeaient une couleur différente, tous sauf un se sont mis immédiatement à manger comme le groupe hôte.

Celui qui n'a pas changé de couleur occupait le premier rang dans le nouveau groupe (auparavant sans mâle dominant) et ne semblait pas concerné par l'adoption du comportement local.

"La volonté des mâles immigrants d'adopter la préférence locale de leurs nouveaux groupes nous a tous surpris. Le comportement d'imitation des nouveaux bébés naïfs et des mâles qui migrent révèle la puissance et l'importance de l'apprentissage social chez ces primates sauvages, qui s'étend même à la conformité que nous connaissons si bien chez l'humain", commente Erica van de Waal.

"Ces locaux doivent savoir quelle est la meilleure chose" ont dû se dire les singes, commente Carel van Schaik, anthropologue évolutionniste à l'Université de Zurich.

Pour survivre, les espèces doivent équilibrer l'expérimentation et le conservatisme, il est donc logique que les singes qui ont développé une aversion rigide pour une couleur associée durant une période à un goût amer laisse tomber cette aversion dans une autre communauté. Les deux comportements présentent des avantages pour la survie, économisant du temps d'apprentissage et évitant des risques mortels, commentent des spécialistes rapportés par le New York Times.

L'étude a été saluée par des primatologues comme une rare preuve expérimentale de "transmission culturelle" chez les primates sauvages à ce jour. Elle est publiée en même temps qu'une autre étude montrant aussi une transmission sociale chez des baleines. "Ces deux études marquent le moment où nous pouvons enfin discuter des implications de la culture chez les animaux", plutôt que de se demander si la culture est présente ou absente, explique Carel van Schaik.

(1) En collaboration avec Christèle Borgeaud de l'Université de Neuchâtel.

Psychomédia avec source: University of St. Andrews, Science, New York Times. Tous droits réservés