Un réputé chercheur néerlandais en psychologie sociale, le Pr Diederik Stapel, de l'Université de Tilburg, inventait de toute pièce des expériences ou falsifiait les données d'études qui ont fait l'objet de douzaines de publications dans des revues scientifiques de renom et qui étaient, pour certaines, largement rapportées dans les médias de nouvelles. Des experts considèrent que ce cas expose des failles à corriger dans la façon dont la recherche est menée dans le domaine de la psychologie, rapporte le New York Times.

Le chercheur a publié des études, par exemples, sur l'effet du pouvoir sur l'hypocrisie, sur les stéréotypes raciaux et comment la publicité affecte la façon dont les gens se voient (leur identité). Une étude récemment publiée dans la revue Science, que cette dernière vient de retirer, prétendait que les personnes blanches étaient plus susceptibles de recourir aux stéréotypes et de discriminer les personnes noires quand elles sont dans des environnements désordonnés.

Dans une bonne mesure, si le Pr Stapel a pu opérer ainsi si longtemps, c'est parce qu'il était le seul à avoir accès aux données brutes de ses recherches, estime le comité responsable de l'enquête.

Ce qui est un problème répandu, selon le psychologue Jelte M. Wicherts de l'Université d'Amsterdam. Dans une étude récente, rapporte le New York Times, 2/3 des chercheurs en psychologie néerlandais rapportaient ne pas rendre leur données brutes disponibles pour d'autres chercheurs, ce qui représente une violation des règles éthiques établies dans le domaine, dit Wicherts.

Dans une enquête auprès de plus de 2000 psychologues américains menée par Leslie John de l'l'Université Harvard et ses collègues, 70% ont reconnu de façon anonyme "avoir coupé quelques coins" en rapportant leurs données. Environ un tiers admettaient avoir rapporté des résultats inattendus comme étant prédits au départ, et environ 1% admettaient avoir falsifié des données.

Un laisser-aller au niveau des traitements statistiques est aussi fréquent. Dans une étude publiée cette année, Wicherts et Marjan Bakker ont analysé les statistiques d'un échantillon au hasard de 280 articles de recherche en psychologie. Ils ont constaté qu'environ la moitié des articles publiés dans des revues de haut niveau contenaient des erreurs statistiques et que, dans environ 15% des cas, ces erreurs affectaient les résultats rapportés.

"Nous avons la technologie pour partager les données et publier les hypothèses initiales, et il est temps que ça se fasse", dit Jonathan Schooler, psychologue à l'Université de Californie. "Cela nettoierait les agissements dans le domaine une très grande mesure", ajoute-t-il.

Photo: Source: New York Times

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