Après des années de déclin, le taux de mortalité de la population blanche américaine la moins éduquée, dans la tranche d'âge de 45 à 54 ans, a augmenté au cours de la dernière décennie, selon une étude publiée dans la vue Proceedings of National Academy of Sciences (PNAS).

Et ce, alors que les taux ont continué à diminuer pour les populations noires et hispaniques de cet âge ainsi que chez les Blancs non hispaniques âgés de 65 à 74 ans (baisse de 2 %).

Les économistes Angus Deaton, qui vient de recevoir le Nobel 2015 en économie, et Anne Case, mari et femme, tous deux de l’université de Princeton, sont arrivés à ces conclusions par hasard, alors qu’ils étudiaient des ensembles de données nationales sur la mortalité, les niveaux de douleur, d'invalidité et de maladies ainsi que les niveaux de bonheur et de suicides.

Ils ont constaté que le taux de décès dans la population blanche n’ayant pas poursuivi d’études au-delà du lycée (niveau secondaire) a augmenté entre 1999 et 2013 de 134 décès pour 100 000 personnes, ce qui représente une augmentation de 22 %. Si le taux de mortalité avait continué à diminuer au même rythme qu'entre 1979 et 1998, un demi-million de décès auraient été évités entre 1999 à 2013.

« Ce changement (...) est propre aux États-Unis : aucun autre pays riche n’a connu un retournement similaire », indiquent les chercheurs.

Le taux de mortalité dans la population blanche demeure inférieur (415 pour 100 000) à celui de la population noire (581) mais est désormais très supérieur à celui de la population hispanique (262).

Le phénomène est attribué aux suicides, à l'abus de drogues et à l'alcoolisme (maladies chroniques du foie et cirrhose). Alors que ces problématiques ont à l'inverse diminué chez les Noirs et les Hispaniques.

Les chercheurs ont considéré une variété d'explications, incluant des différences dans la prescription de drogues opioïdes (pour le traitement de la douleur) et leur mésusage, ainsi qu'une perspective plus pessimiste des Blancs sur leurs futur financiers, mais ces facteurs ne peuvent expliquer pleinement le phénomène.

Ils ont analysé les indicateurs de mauvaise santé et découvert que les personnes d'âge moyen, contrairement aux plus jeunes et aux plus âgées, rapportaient plus de douleur au cours des dernières années que par le passé. Un tiers de ce groupe déclarait avoir des douleurs articulaires chroniques au cours des années 2011 à 2013, et une personne sur sept disait souffrir d'une douleur sciatique. Celles qui avaient le moins d'éducation rapportaient plus de douleur et une moins bonne santé générale.

Les moins éduqués avaient également une plus grande détresse financière. Durant la période examinée, les revenus corrigés pour tenir compte de l'inflation ont chuté de 19 %.

Le nombre de Blancs atteints de maladies mentales et le nombre de ceux disant avoir de la difficulté de socialisation ont augmenté en tandem.

Les taux de mortalité ont augmenté en parallèle avec la douleur, la mauvaise santé et la détresse, ont donc constaté les chercheurs. Ces facteurs fournissent une explication pour l'augmentation des décès causés par les suicides et les abus de substance.

Psychomédia avec sources : New York Times, New York Times, Le Monde.
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