Le système immunitaire jouerait un rôle dans le comportement social, selon une étude publiée dans la revue Nature. « Nous avons montré que l'interféron gamma, une cytokine importante sécrétée par les lymphocytes T, joue un rôle inattendu pour favoriser les fonctions cérébrales sociales », explique Vladimir Litvak, coauteur.

Litvak et Yang Xu ont développé une nouvelle approche pour étudier le dialogue complexe entre la signalisation immunitaire et la fonction cérébrale.

En utilisant cette approche, Xu a défini des signatures de signalisation immunitaire et analysé leur présence dans des bases de données de transcriptomes (ensemble des ARN issus de la transcription du génome) de cerveau. Ces études ont révélé un lien caché entre la signalisation immunitaire des lymphocytes T et la fonction cérébrale sociale.

Litvak et ses collègues ont constaté que divers organismes, dont les rongeurs, les poissons et les mouches, augmentent la signalisation au moyen de l'interféron gamma (IFN-γ) dans des contextes sociaux. Ces résultats suggèrent que cette voie de signalisation pourrait médier un lien, issu de l'évolution, entre le comportement social et une réponse anti-pathogène qui pourrait être crucial pour l'immunité collective.

Jonathan Kipnis a montré que le blocage de l'IFN-γ chez les souris rendait leur cerveau hyperactif et provoquait un comportement social atypique. La restauration de la signalisation de l'IFN-γ normalisait l'activité cérébrale et le comportement social.

« Le cerveau et le système immunitaire adaptatif étaient considérés isolés l'un de l'autre, et toute activité immunitaire dans le cerveau était perçue comme un signe de pathologie. Et maintenant, non seulement nous montrons qu'ils interagissent étroitement, mais que certains de nos traits de comportement peuvent avoir évolué à cause de notre réponse immunitaire aux agents pathogènes », explique Kipnis.

Les chercheurs notent qu'un dysfonctionnement du système immunitaire peut être responsable de « déficits sociaux dans de nombreux troubles neurologiques et psychiatriques ». Mais ce que cela pourrait signifier exactement pour l'autisme et d'autres conditions spécifiques devra être exploré dans des études futures.

« Pour la première fois, explique Litvak, nous avons une plate-forme qui permet d'investiguer systématiquement les liens complexes entre la signalisation immunitaire et diverses fonctions du cerveau ».

Il y a un an, la même équipe publiait, également dans la revue Nature, une étude qui montrait que le cerveau est directement relié au système immunitaire par des vaisseaux lymphatiques jusqu'alors considérés comme inexistants. Les mécanismes pathologiques de nombreuses maladies, telles que la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques et l'autisme, doivent être reconsidérés à la lumière de la présence de ces vaisseaux, soulignaient les chercheurs.

Psychomédia avec sources : University of Massachusetts, University of Virginia, Nature.
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