Les gens sous-estiment systématiquement à quel point les membres de leur cercle social peuvent apprécier un appel téléphonique, un texto ou un courriel inattendu, simplement pour dire bonjour, selon une étude publiée en juillet 2022 dans le Journal of Personality and Social Psychology.

Plus le contact est surprenant, plus l'appréciation est grande.

« Les gens sont fondamentalement des êtres sociaux et aiment se connecter aux autres », souligne Peggy Liu de l'Université de Pittsburgh. « De nombreuses recherches montrent que le maintien de liens sociaux est bon pour la santé mentale et physique. Cependant, malgré l'importance et le plaisir des liens sociaux, notre recherche suggère que les gens sous-estiment considérablement à quel point les autres apprécieront qu'on les contacte. »

Liu et ses collègues (1) ont mené une série d'expériences avec plus de 5 900 participants afin de déterminer dans quelle mesure les gens sont capables d'estimer avec précision à quel point les autres apprécieront une tentative de contact et quels facteurs peuvent jouer dans ce niveau d'appréciation.

Dans l'une des expériences, la moitié des participants ont été invités à se souvenir de la dernière fois où ils ont contacté un membre de leur cercle social sans raison spéciale par courrier électronique, SMS ou téléphone, après une longue période d'absence d'interaction avec cette personne. L'autre moitié ont été invités à se souvenir d'une situation similaire où quelqu'un les a contacté.

Les participants qui se souvenaient avoir contacté quelqu'un indiquaient ensuite, sur une échelle de 7 points (1 = pas du tout, 7 = dans une large mesure), à quel point ils estimaient que la personne contactée devait avoir apprécié, s'être sentie reconnaissante, avoir éprouvé de la gratitude ou s'être sentie heureuse de ce contact. Les participants qui se souvenaient avoir été contactés rapportaient comment ils avaient apprécié ce contact.

Les personnes qui se souvenaient avoir contacté quelqu'un pensaient que le geste était nettement moins apprécié que celles qui se souvenaient avoir reçu une communication.

Dans d'autres expériences, les participants ont envoyé une courte note, ou une note et un petit cadeau, à une personne de leur cercle social avec laquelle ils n'avaient pas interagi depuis un certain temps. Comme dans l'expérience précédente, les participants qui ont pris l'initiative du contact ont été invités à évaluer sur une échelle de 7 points dans quelle mesure ils pensaient que le destinataire apprécierait, serait reconnaissant et se sentirait heureux de ce contact. Après l'envoi des notes/cadeaux, les chercheurs ont également demandé aux destinataires d'évaluer leur appréciation.

Dans toutes les expériences, les personnes à l'origine de la communication ont nettement sous-estimé la mesure dans laquelle les destinataires apprécieraient l'acte de communication.

« Nous avons constaté que les personnes qui recevaient la communication mettaient davantage l'accent sur l'élément de surprise que les personnes à l'origine de la communication, et que cette importance accrue de la surprise était associée à une plus grande appréciation », rapporte Liu. « Nous avons également constaté que les personnes sous-estimaient davantage l'appréciation des autres lorsque la communication était plus surprenante, par opposition à celle qui faisait partie d'un schéma de communication régulier, ou lorsque les liens sociaux entre les deux participants étaient faibles. »

De nombreuses personnes ont perdu le contact avec certaines personnes dans leur vie, qu'il s'agisse d'amis du lycée ou de l'université ou de collègues de travail qu'ils avaient l'habitude de voir à la fontaine d'eau ou à la machine à café avant que le travail ne devienne distant. Initier un contact social après une longue période de déconnexion peut sembler décourageant car les gens s'inquiètent de la façon dont un tel geste pourrait être reçu. Ces résultats suggèrent que les autres sont susceptibles d'apprécier d'être contactés plus que les gens ne le pensent, souligne la chercheuse.

« Je m'arrête parfois avant de contacter des personnes de mon cercle social pré-pandémique pour diverses raisons. Lorsque cela se produit, je pense à ces résultats de recherche et je me rappelle que d'autres personnes peuvent également vouloir me contacter et hésiter pour les mêmes raisons ». « Je me dis alors que j'apprécierais beaucoup qu'ils me tendent la main et qu'il n'y a aucune raison de penser qu'ils n'apprécieraient pas de la même manière que je le fasse. »

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(1) Peggy J. Liu, SoYon Rim, Lauren Min, Kate E. Min.

Psychomédia avec sources : American Psychological Association, Journal of Personality and Social Psychology.
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