Depuis plusieurs années, l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) tire la sonnette d'alarme sur la pénurie de personnel dans le système de santé qui concerne de nombreux titres d'emplois qu'elle représente: psychologues, technologistes médicaux, physiothérapeutes, travailleurs sociaux et ergothérapeutes.

Selon les chiffres du ministère, dévoilés plus tôt cette semaine, la pénurie s'aggravera au cours des 5 prochaines années.

L'APTS n'est pas rassurée par les propos du ministre de la Santé, Yves Bolduc, à ce sujet: «Lorsqu'on a entre 10 et 15 % de pénurie, quel que soit le secteur, la main-d'oeuvre qui est là est capable de compenser, a commenté le ministre. C'est un réseau où les gens sont des gens de coeur.»

" (...) compenser pour une journée l'absence de 10 % de nos collègues ça peut se faire, mais à long terme, c'est impossible», commente Mme Dominique Verreault, présidente de l'APTS, d'autant que «les travailleurs sont [déjà] au bout de leur rouleau pour la plupart".

Pour les psychologues seulement, 10% des postes ne seront pas comblés cette année, soit 236 sur 2000. Selon les estimations, ce chiffre sera presque doublé en 2013-2014.

Pour certains métiers (dont les psychologues), explique Mme Verreault, la pénurie ne tient pas à une insuffisance de main-d'oeuvre, mais plutôt à la maigre attraction qu'exerce le système public sur les professionnels. Les solutions tiennent à une bonification des conditions de travail, comme des mesures de conciliation travail-famille, estime-t-elle.

« Au cours des prochaines semaines, des comités issus de la dernière convention collective débuteront leurs travaux, entre autres sur la conciliation famille-travail-études et sur l'attraction et la rétention de personnel dans les régions éloignées. L'APTS y fera des propositions en espérant une ouverture de la part du gouvernement. Pour le moment, peu de ces propositions ont été retenues, malgré le succès évident de plusieurs projets, indique l'APTS dans un communiqué.

  • En ce qui concerne les conditions des psychologues, leur rémunération "(37 219 $ – 70 759 $) accuse un retard incompréhensible relativement à celle de leurs collègues d’autres professions exigeant un niveau de formation inférieur - ex : travailleur social, 1er cycle universitaire, soit 3 ans ; (38 074 $ – 70 106 $)", indiquait la Coalition pour l'accessibilité aux services des psychologues dans le réseau public québécois (CAPP) en mai dernier. "Après un doctorat de 5 ans (qui fait suite à un premier cycle universitaire de 3 ans, ndlr), nous arrivons sur le marché du travail avec une dette moyenne de 30 000 $ et on nous offre un salaire de 20,50 $ de l'heure", précisait Agnès Alonzo, étudiante au doctorat à l'Université de Montréal.

APTS, Le Devoir
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