À Marseille, deuxième ville de France, 4 000 malades mentaux seraient sans domicile fixe (SDF).

Après l'interpellation d'un homme de 41 ans atteint d'une schizophrénie sévère, soupçonné d'avoir poignardé un jeune étudiant qui a succombé à ses blessures, "les enquêteurs se sont immergés, hier, dans le monde des sans-abri, tout particulièrement les malades mentaux qui y vivent", rapporte le journal La Provence.

Selon des estimations, 12 000 à 15 000 personnes vivent dans la rue dans cette ville de près de 900 000 habitants.

Comparativement, le nombre de SDF est évalué à 25 000 à Paris et sa petite couronne sur une population de 3,5 millions d'habitants.

Les études estiment que 30 % des sans-abris marseillais sont atteints de troubles psychiatriques sévères : schizophrénie, bipolarité, dépression sérieuse ou troubles psychiques graves. La schizophrénie toucherait 10 % de cette population comparativement à 1 % de la population générale.

"Le facteur de dangerosité, ce n'est pas la schizophrénie - sauf explosion délirante - c'est surtout cette consommation de toxiques", explique le Dr Jean-Michel Le Marchand, psychiatre de l'équipe mobile de liaison Psychiatrie et précarité de l'hôpital Édouard Toulouse. "On a effectivement des gens qui peuvent être dangereux", dit-il, même si, statistiquement, la population schizophrène est 6 fois moins "agresseur" que la population générale mais 32 fois plus "victime".

La vie dans la rue, avec ses conditions extrêmement difficiles, peut également faire éclore des troubles psychiatriques en veille.

L'accès aux soins de ces populations est le problème cardinal : il faut aller vers les patients. "Nous allons vers les personnes là où elles se trouvent, dans les foyers, la rue", explique le Dr Le Marchand. Les effectifs sont cependant largement insuffisants. À Marseille, "deux misérables petites équipes font face à cette population importante", celle d'Édouard Toulouse comptant un psychiatre, deux psychologues et deux infirmières, celle de l'AP-HM- Médecins du Monde employant dix salariés.

Les équipes visent à intégrer les sans-abri à un parcours de soins en l'accompagnant dans un lieu médical du type centre médico-psychologique. Mais pour ces psychiatres de la rue, la solution passe par le logement des patients. C'est le but de l'étude pilote "Un chez soi d'abord" ("logement d'abord") qui permet à 84 malades mentaux de quitter les foyers d'accueil ou la rue pour vivre sous un toit.

Plus d'informations dans l'article de La Provence : Marseille : 4 000 malades mentaux dans la rue.

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