Le documentaire du journaliste et cinéaste Autrichien Erwin Wagenhofer, "Le marché de la faim", est sorti sur les écrans français cette semaine.

Alors que l'agriculture mondiale serait en mesure de nourrir 12 milliards d'individus, 100.000 personnes dans le monde meurent de faim ou de ses conséquences chaque jour dans le monde, selon la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. On estime que 842 millions de personnes souffrent de malnutrition chronique.

Le film dénonce les conséquences de l'agrobusiness, qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres.

Il s'ouvre sur des images de tonnes de pains déversées par une benne à ordure, suivies du sous-titre : "Chaque jour, la quantité de pain qu'on jette à Vienne pourrait nourrir la deuxième ville d'Autriche, Graz."

Il s'achève par un interview de Peter Brabeck, le PDG de Nestlé, le plus grand groupe alimentaire mondial et leader mondial du secteur de l'eau en bouteille dont les propos illustrent le réquisitoire contre les multinationales et l'agrobusiness. Brabeck conteste l'"avis extrême" des ONG qui souhaitent voir l'eau reconnue comme un droit public ("En tant qu'êtres humains, vous êtes en droit d'avoir de l'eau"), et défend sa thèse : "L'eau est un aliment, elle devrait donc avoir une valeur marchande..."

Le livre l'Empire de la honte de Jean Ziegler, rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme de l'ONU pour le droit à l'alimentation, a inspiré ce documentaire sur le «marché de la faim» dans lequel il intervient à plusieurs reprises.

"Pour la première fois, grâce à la mondialisation, aux révolutions technologique, électronique et industrielle, explique-t-il, nous avons vaincu la pénurie, nous sommes sortis du royaume de la nécessité pour entrer dans le royaume de l'abondance. La tragédie réside dans le fait qu'au moment même où le bonheur serait matériellement possible, nous vivons une reféodalisation du monde, avec une captation de ces immenses richesses nouvellement créées par une oligarchie transcontinentale détentrice du capital financier.

(...) La cause de la faim, c'est une répartition aberrante des richesses, c'est la politique de libéralisation des échanges de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la politique de dumping agricole de l'Union européenne." (Libération)

Psychomédia avec sources:
La Tribune
Le Monde
Libération