Un cancer du sein sur 3 dépisté par mammographie dans le cadre d'un programme organisé serait surdiagnostiqué, selon une étude danoise publiée dans le British Medical Journal (BMJ).

Les chercheurs mettent cependant en garde que la méthodologie employée peut résulter en une surestimation et comparent avec les résultats d'autres méthodes.
Par surdiagnostic on entend la détection d'anomalies qui n'auraient jamais entraîné de symptômes pendant la vie de la personne si elles n'avaient pas été traitées. Il s'agit de cancers qui se développent très lentement ou pas du tout. Étant impossible de faire la différence entre les cancers dangereux et ceux qui ne le sont pas, ils sont tous traités. Le surdiagnostic n'inclut pas les faux négatifs et les faux positifs attribuables à la marge d'erreurs associée à tout test.

Karsten Jorgensen et Peter Gotzsche du Nordic Cochrane Centre de Copenhague (Danemark) ont analysé, dans les études publiées depuis 1990, les données du cancer du sein avant et après l'introduction d'un programme organisé de dépistage dans 5 pays (Royaume-Uni, Canada, Australie, Suède et Norvège) et les taux de cancer chez les femmes plus âgées plusieurs années après les dépistages, des taux qui devraient avoir diminué si les cancers ont été détectés plus tôt.

La diminution du nombre de cancers, plusieurs années plus tard, était inférieure au nombre de cas supplémentaires de cancer traités. Ils ont calculé que pour chaque 2 femmes chez qui un cancer dangereux aurait été détecté, une femme se serait fait offrir des traitements inutiles pour un cancer qui ne l'aurait jamais dérangé.

Un tableau plus précis des risques et bénéfices serait obtenu en comparant le nombre de cancers chez les femmes qui ont subi un dépistage et celles qui ne l'ont pas fait, expliquent les chercheurs. C'est ce qu'a fait une étude publiée il y a trois ans. Selon cette étude, une femme était traitée inutilement pour chaque 10 femmes qui bénéficiaient du traitement.

Selon les recherches réalisées jusqu'à maintenant, résume The Guadian en partenariat avec BMJ, pour 1000 femmes qui passent une mammographie tous les ans à partir de 50 ans:

- une aurait la vie sauve grâce à la détection précoce
- entre 2 et 10 recevraient des traitements inutiles pour un cancer à lente évolution
- entre 10 et 15 femmes reçoivent un diagnostic plus tôt sans que cela augmente leurs chances de survie (un traitement plus tardif aurait donné les mêmes résultats)
- entre 100 et 500 femmes reçoivent une fausse alerte et passent à travers l'inquiétude de tests supplémentaires; environ la moitié de ces femmes subissent une biopsie non nécessaire.

Psychomédia avec source: The Guardian en partenariat avec le BMJ.
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