Vingt médecins, 12 spécialistes et 8 généralistes, du Centre hospitalier de Sept-Îles (Québec) ont annoncé leur intention de démissionner et de quitter la région pour protester contre les impacts pour la santé de la réalisation d'un projet de mine d'uranium dans la région. Le centre hospitalier de Sept-Îles compte 56 médecins, dont 33 médecins spécialistes. Les médecins démissionnaires se disent conscients que ce départ massif entraînera d'autres départs et nuira à tout recrutement futur.

Ils s'opposent depuis plusieurs mois à l'exploration et l'éventuelle exploitation d'uranium par Terra Ventures au lac Kachiwiss qui approvisionne Sept-Iles en eau, par la rivière Moisie. La compagnie minière, basée à Vancouver, estime que le site est comparable au gisement Rossing, exploité par Rio Tinto en Namibie, d'où est puisé 7 % de l'uranium mondial.

Les signataires s'inquiètent des risques liés à la radioactivité du minerai, dont les sous-produits constituent notamment la principale cause du cancer du poumon chez les non-fumeurs.

Selon le ministre de la santé, Yves Bolduc, il est prématuré de craindre les retombées néfastes d'une éventuelle exploitation. Seuls des travaux d'exploration sont en cours, ce qui ne représente aucun danger pour les résidents de la région, dit-il. Voulant se faire rassurant, il a affirmé lors de la période question en chambre que le gouvernement se rangera derrière la population si elle ne veut pas de tels projets dans la région.

Selon Mme Lorraine Richard, députée péquiste de la région, les risques liés aux forages de l'exploration sont importants puisque le lac Kachiwiss approvisionne Sept-Iles en eau. Par ailleurs, dit-elle, la population a multiplié les appels au gouvernement afin qu'un moratoire soit imposé sur l'exploration et l'exploitation de l'uranium dans la région, sans qu'ils soient entendus.

Le 18 janvier 2009, une résolution du conseil municipal de la Ville de Sept-Iles demandait au gouvernement du Québec l’établissement sans délai d’un moratoire permanent sur l’exploration et l’exploitation de l’uranium au Québec. La Ville se joignait ainsi au regroupement des médecins du Centre de santé et des services sociaux de Sept-Îles, à la Corporation de Protection de l’Environnement de Sept-Îles Inc. et au Conseil régional de l’environnement de la Côte-Nord qui demandaient un moratoire dans la région.

Des centaines de citoyens ont manifesté à deux reprises en 2009 dans les rues de Sept- Îles, la dernière fois en octobre, pour dénoncer les travaux effectués par la compagnie Terra Ventures. Le groupe derrière cette mobilisation, Sept-Îles sans uranium, appuie le geste des médecins.

La communauté innue Takuaikan Uashat Mak Mani-Utenam (ITUM), bien que consciente des répercussions associées aux démissions de médecins, appuie également leur geste et réitère son opposition au projet. Le chef Georges-Ernest Grégoire souligne que ce dernier brime le mode de vie traditionnel innu. « Nous occupons nos territoires, on y pratique la chasse et la pêche de subsistance, qu’arrivera-t-il de ce patrimoine si un tel projet se réalise? Non seulement il sera impossible de se nourrir des poissons et du gibier qui seront contaminés, mais il sera tout simplement dangereux de fréquenter les lieux. C’est inconcevable pour les Innus. »

Psychomédia avec sources:
Radio-Canada
LesAffaires.com
Le Journal de Québec
Le Soleil
La Presse canadienne
Ville de Sept-Iles