Dr Margaret Chan, vient d'être élue à la tête de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. "À la mesure de son poids grandissant dans le commerce mondial, la Chine souhaite jouer un rôle politique grandissant sur la scène internationale. Avec cette nomination, un premier pas a été franchi dans cette ­direction.

(...) La course à la tête de l'OMS, dans laquelle s'était lancé l'ancien ministre français de la santé Bernard Kouchner, demeure, comme pour d'autres postes prestigieux dans les institutions internationales, un secret mélange d'équilibre régional et de renvoi d'ascenseur politique, en plus des préoccupations sur la santé du monde.

(...) Pour les diplomates européens, les relations commerciales de plus en plus étroites entre la Chine et les pays africains, les promesses d'aide au développement et au combat contre des maladies endémiques sur le continent noir auraient permis de déposer dans l'escarcelle du Dr Chan les sept voix africaines du Conseil exécutif de l'OMS. Au niveau de la santé mondiale, Pékin a en outre fait valoir sa position géographique particulièrement exposée dans les récentes crises sanitaires comme le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) ou l'épizootie de grippe aviaire." (1)

"Hongkongaise, mais également titulaire d'un passeport canadien, Margaret Chan a fait ses études de médecine au Canada. Sa carrière s'est ouverte en 1978 par son entrée dans le département de la santé de Hongkong, l'ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine populaire en 1997. Nommée directeur de la santé du territoire en 1994, elle restera neuf ans à ce poste. Elle fut aux premières loges lors de l'épidémie de grippe aviaire due au virus H5N1, en 1997, au cours de laquelle elle prit la décision de faire abattre plus d'un million et demi de poulets, ce qui mit un terme à la flambée épidémique. Puis, ce fut l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui frappa durement Hongkong en 2003.

Sa gestion de la crise fut controversée. En 2004, une commission d'enquête l'a mise en cause, estimant son action "non satisfaisante" pour ne pas avoir détecté les signaux précoces de l'épidémie qui couvait depuis novembre 2002 dans la province chinoise voisine du Guangdong. Puis elle a rejoint l'OMS en 2003 comme directeur du département Protection de l'environnement humain.

Elle a été nommée, en juin 2005, directeur pour les "maladies transmissibles : surveillance et action" et représentante du directeur général chargé de la grippe pandémique. Elle a eu par la suite la haute main sur les maladies transmissibles, avec un titre de sous-directeur général." (2)

Sources:
(1) Le Figaro, 9 novembre 2006.
(2) Le Monde, 9 nomvembre 2006.