Le Consortium international sur le génome du cancer (ICGC), mis sur pied en 2008, s'est donné pour objectif de séquencer en 5 ans le génome intégral de 25 000 tumeurs, indique un article publié dans la revue Nature. Plusieurs pays participent à cet effort: l'Allemagne, l'Australie, le Canada, la Chine, l'Espagne, les États-Unis, la France, l'Inde, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni. Le consortium espère à terme faciliter la mise au point de traitements sur mesure pour chaque personne atteinte d'un cancer.

Le premier séquençage complet d'un génome humain date de 2004 et à ce jour, 25 seulement ont été publiés.

En deux ans, le consortium a déjà identifié des centaines d'anomalies génétiques. Diffusées cette semaine pour la première fois, ces données ont été mises gratuitement à la disposition des chercheurs du monde entier.

Chaque tumeur porte la trace de mutations génétiques et de recombinaisons, dont certaines lui sont propres. "Pour identifier ces gènes, nous disposions jusqu'alors de puces à ADN capables d'analyser 1 million de marqueurs, indique Fabien Calvo, directeur de la recherche à l'Institut national du cancer (INCa) et représentant de la France au sein de l'ICGC. Nous sommes passés au séquençage intégral du génome, soit la lecture, pour chaque tumeur, de 3 milliards de paires de base d'ADN.

"Le fait de pouvoir déceler les modifications génétiques liées au cancer conduit à de nouvelles voies pour mettre au point des traitements axés sur les mécanismes cellulaires sous-jacents du cancer et à prescrire les traitements convenant le mieux à chaque patient. Nous arrivons à une époque où les prescriptions de traitement du cancer devraient être fondées sur la génétique de la tumeur de chaque patient", affirme Eric S. Lander de l'Université Harvard.

L'ICGC analysera 50 types de cancers. La France a choisi de cibler les cancers du foie principalement engendrés par la consommation d'alcool et les cancers du sein de type HER2 + (15 % des cancers du sein). Trois autres types de cancers doivent encore être pris en charge par la France. Leur sélection est en cours.

Cette approche massive, "à l'aveugle", a parfois été critiquée dans le milieu de la recherche médicale, où certains redoutent une redistribution des fonds au détriment de projets visant à valider des hypothèses biologiques ou thérapeutiques. Le programme de séquençage représente en effet un effort important - 5 millions d'euros pour chacun des 5 cancers analysés sur cinq ans, à comparer aux 60 millions d'euros du budget de recherche annuel de l'INCa.

Psychomédia avec sources:
Le Monde, Le Devoir, CNW (communiqué de presse ICGC)