L'agence sanitaire environnement-travail (Afsset) s'inquiète de la qualité de l'eau dans les piscines publiques, dans un rapport publié jeudi 10 juin. Les mises en garde concernent particulièrement les utilisateurs fréquents comme les sportifs de haut niveau, les jeunes enfants et les personnels des piscines.

Les études précédentes ont surtout porté sur les problèmes de contamination microbienne, à l'origine de mycoses, verrues, diarrhées, otites et troubles intestinaux.

La présente expertise portait sur les produits chimiques de désinfection utilisés pour limiter les risques provoqués par les micro-organismes.

Le risque prépondérant dans les piscines publiques est maintenant chimique selon le rapport: les produits de désinfection de l'eau, dérivés du chlore, du brome ou de l'ozone, "se recombinent avec la matière organique apportée dans l'eau par les baigneurs et forment des sous-produits qui sont des contaminants chimiques nocifs".

L'Afsset cite, parmi ces sous-produits, le chloroforme et les trichloramines, possiblement cancérigènes. Mais "le risque cancérigène lié à l'exposition de chaque sous-produit de désinfection, pris séparément, est négligeable pour toutes les catégories de populations considérées", note l'Afsset. Il est difficile de faire une évaluation de toxicité faute de pouvoir apprécier les effets éventuels de l'addition des produits.

Néanmoins, ces composés "peuvent atteindre des taux capables d'entraîner des troubles respiratoires (asthme, bronchites, etc.), cutanés (eczéma) et oculaires", notamment chez les personnes fréquentant régulièrement les piscines et les très jeunes enfants, selon le rapport.

L'Afsset recommande un renforcement de l'hygiène corporelle (à savoir le passage obligatoire à la douche savonnée, port du bonnet de bain, absence de maquillage, ...) et une meilleure maîtrise des traitements de l'eau. Elle recommande aussi de réduire la quantité de matière organique présente dans l'eau avec mise en place d'une coagulation avant la filtration et mise à jour des paramètres de contrôle de la désinfection, incluant le suivi de la bactérie E-coli. Elle propose de mettre en place des protocoles adaptés pour le nettoyage des surfaces et l'entretien des locaux.

L'utilisation des piscines publiques est déconseillée pour les enfants de moins de 2 ans à cause de leur sensibilité particulière aux sous-produits de désinfection et de leur moins bonne maîtrise de l'hygiène. Si les parents y tiennent malgré tout, l'Agence des bassins où "la qualité de l'eau est parfaitement maîtrisée".

En ce qui concerne la qualité de l'air, elle demande le classement des piscines couvertes dans la catégorie des "bâtiments à pollution spécifique", ce qui entraînerait l'obligation de maintenir un débit minimum d'air neuf.

Psychomédia avec sources: Le Nouvel Observateur, Libération
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