Le Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l'Est du Québec vient de remporter un important grief en ce qui concerne le temps supplémentaire. Un tribunal d'arbitrage a déclaré que les infirmières qui ont effectué deux quarts de travail consécutifs (16 heures), dont un en heures supplémentaires obligatoires ou volontaires, ont droit à une période de repos équivalente.

L'arbitre précise que si un employeur n'est pas en mesure de garantir à une infirmière qu'elle pourra bénéficier de 16 heures de repos avant de reprendre le travail, elle peut refuser d'effectuer le 2e quart de travail.

Le syndicat avait déposé un grief visant à obliger la direction du Centre de santé et de services sociaux de la Côte-de-Gaspé d'accorder aux infirmières faisant des heures supplémentaires une plus longue période de repos. Le grief était une première au Québec.

La présidente du syndicat, Mme Micheline Barriault, s'est réjouie du jugement, notamment du fait que l'arbitre a également reconnu que l'exercice de la profession d'infirmière en milieu hospitalier requiert une grand minutie et beaucoup de vigilance.

Ce jugement aura des conséquences dans l'ensemble des CSSS au Québec, considère-t-elle.

Les infirmières se battent depuis plusieurs années contre le temps supplémentaire obligatoire dans le secteur de santé. Ce dernier est notamment à l'origine de détresse psychologique chez plusieurs, d'épuisement professionnel et de dépression.

Les infirmières qui acceptent de faire des heures supplémentaires vivent souvent dans la hantise de commettre des erreurs en succombant à la fatigue, soulignait en mars dernier la présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Gyslaine Desrosiers, dans sa réaction aux propos du ministre Yves Bolduc qui évoquait le code de déontologie des infirmières pour justifier le temps supplémentaire obligatoire.

Le temps supplémentaire obligatoire ne doit tout simplement pas exister, considère l'Ordre. Le temps supplémentaire ne peut être que librement consenti, écrivait Mme Desrosiers en éditorial du Journal de mai-juin de l'Ordre.

"Il est indécent d'invoquer le Code de déontologie pour menacer les infirmières et ainsi masquer l'incompétence du gouvernement à régler les problèmes de dotation de personnel. Chaque infirmière ou infirmier peut avoir de multiples raisons de refuser de faire du temps supplémentaire : état de santé personnel, contraintes familiales, études… J'insiste : c'est l'administration qui doit assurer la planification des effectifs et leur relève, la responsabilité individuelle des soignants n'est nullement en cause", écrivait-elle.

Psychomédia avec sources:
Centrale des syndicats du Québec, communiqué
Le Journal de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

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