Un consortium de chercheurs européens, dont les travaux sont publiés dans la revue Nature, a identifié trois grands types d'écosystème auxquels peut appartenir la flore intestinale de chaque personne.

Ces « entérotypes », ont été nommés selon la famille de bactéries la plus représentée dans chacun d'eux : bacteroides, prevotella et ruminococcus.

Cette découverte fait suite aux travaux du corsortium, appelé MetaHIT (pour Metagenomics of Human Intestinal Tract), publiés l'an dernier, dans lesquels le séquençage de l'ensemble des gènes de la flore intestinale a été réalisé.

La découverte ouvre des perspectives de recherches thérapeutiques notamment pour le diabète, l'obésité, les maladies inflammatoires de l'intestin, comme la maladie de Crohn, et les allergies alimentaires.

Les différences dans la flore intestinale pourraient «expliquer pourquoi les effets de certains médicaments ou aliments varient d'une personne à l'autre», explique Jeroen Raes, de l'Université de Bruxelles (VIB), coauteur.

L'étude, réalisée avec 39 personnes vivant en Europe, en Amérique et au Japon, montre que la répartition entre les trois groupes est indépendante de l'âge, de l'état de santé (surpoids, maladies inflammatoires) et de l'origine géographique.

Ces résultats ont été une surprise pour les chercheurs qui s'attendaient à constater une plus grande variation plutôt que seulement trois combinaisons distinctes et stables à travers des populations de provenance diverse, explique Peer Bork du European Molecular Biology Laboratory à Heidelberg (Allemagne), auteur senior de l'étude.

«Le génome de notre flore intestinale compte 3,3 millions de gènes, soit 150 fois plus que dans l'ADN de nos propres cellules», souligne Stanislav-Dusko Ehrlich, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), participant au consortium.

Les bactéries intestinales jouent un rôle fondamental. Se situent à l'interface entre les aliments et l'organisme, elles aident à assimiler des vitamines et certains nutriments en utilisant des enzymes que les cellules humaines ne peuvent produire. Chaque entérotype est caractérisé par un équilibre différent de ces enzymes. L'entérotype 1 produit plus d'enzymes permettant l'assimilation de vitamine B7, par exemple, et l'entérotype 2, plus de vitamine B1.

Le consortium vise, dans une prochaine étape, à affiner la classification en travaillant sur un échantillon d'au moins 1000 personnes. La poursuite des travaux avec 400 personnes, indique le New York Times, confirme jusqu'à maintenant la classification en trois grands groupes.

Ces travaux ouvrent la voie à des travaux visant à établir des liens entre la flore intestinale et différentes pathologies et à développer des traitements personnalisés. Les fabricants de probiotiques notamment, mentionne Bork, sont très intéressés par ces travaux. Une voie de recherche, mentionne Bork, pourrait aussi être celle du développement d'alternatives aux antibiotiques qui perdent de plus en plus d'efficacité (en renforçant les bonnes bactéries déjà présentes).

Des travaux précédents ont notamment montré un lien entre la flore intestinale et l'obésité.

Psychomédia avec sources: New York Times, Los Angeles Times, Le Figaro
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