Un traitement précoce par médicaments antirétroviraux d'une personne séropositive, s'il est bien respecté, réduirait drastiquement le risque de transmettre le virus à un partenaire séronégatif, selon les résultats d'un essai clinique mené par les National Institutes of Health américains, rendus publics le 11 mai par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Onusida.

«Cette percée scientifique change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention. Elle place le traitement anti-VIH au premier rang des nouvelles options de prévention», a déclaré Michel Sidibé, directeur de l’Onusida.

«Les résultats produits par l’essai vont renforcer et étayer les nouvelles orientations que l’OMS publiera en juillet pour aider les personnes vivant avec le VIH à protéger leur partenaire», a déclaré Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation.

Des études précédentes avaient montré le potentiel des antirétroviraux de réduire le risque de transmission, mais il s'agissait d'études observationnelles ou épidémiologiques (qui permettent de constater un lien sans démontrer que ce dernier est de cause à effet).

Myron Cohen de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill et ses collègues ont mené cette étude, au coût de 73 millions de dollars américains, dans 9 pays avec plus de 1750 couples hétérosexuels, dont l'une des personnes était séropositive et l'autre séronégative, qui étaient assignés au hasard à faire partie d'un groupe recevant des traitements antirétroviraux précocement ou d'un groupe recevant ces médicaments plus tardivement. Après 18 mois, une seule personne a été contaminée dans le premier groupe comparativement à 27 dans le deuxième. Ce qui représente une diminution du risque de 96 %.

Les personnes traitées recevant ces médicaments ont dans la grande majorité des cas une quantité de virus dans l'organisme très faible, ce qui réduit le risque de transmission.

Il ne faut toutefois pas opposer ces traitements aux autres moyens de prévention, mettent en garde les spécialistes mais combiner plusieurs moyens. Les personnes séropositives ne peuvent assumer qu'elles ne sont pas infectieuses simplement parce qu'elles prennent déjà des médicaments, avertit Dr. Thomas Frieden, directeur des Centers for Disease Control and Prevention.

Ces résultats rejoignent ceux d'études prospectives de l’OMS montrant que, si dans un pays donné on traitait toutes les personnes touchées par le virus, on arriverait en dix ans à éradiquer l’épidémie, mentionne Libération.

Ces médicaments qui sauvent la vie sont dispendieux, jusqu'à $15 000 dollars américains par année, et comportent divers effets secondaires allant de la diarrhée au dommage au foie, commente le Washington Post.

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