Le film Contagion, de Steven Soderbergh, fait l'objet de critiques très positives de la part de scientifiques, rapporte Le Monde. Le film, de style catastrophe, raconte la course des experts pour identifier un nouveau virus meurtrier et arrêter sa propagation à vitesse grand V. Un scénario très crédible, de l'avis de plusieurs.

« Il est difficile d'imaginer une leçon d'épidémiologie de base plus séduisante que celle donnée par l'adorable Kate Winslet » qui joue une épidémiologiste des CDC (Centres de contrôle américain des maladies), selon la revue médicale britannique The Lancet.

Un avis que partage Françoise Weber, directrice de l'Institut français de veille sanitaire (InVS) dont le Monde rapporte la réaction : « Le film est très pédagogique. La recherche du patient zéro, c'est-à-dire du tout premier cas, la quarantaine, l'impossibilité du confinement, les troubles sociaux, la gestion des morts, la désorganisation des services, des commerces, le recours à l'armée... C'est exactement ce qui se passerait en cas de pandémie. »

Le virus fictif, MEV, a été imaginé à partir des caractéristiques de plusieurs virus réels. Il a beaucoup du virus du SRAS, un peu du H1N1 et un peu du Nipah, explique le virologue Jean-Claude Manuguerra, qui dirige la cellule d'intervention biologique d'urgence de l'Institut Pasteur.

Ce dernier, qui s'est rendu au Vietnam en 2003 lors de l'épidémie de SRAS et à Mexico au début de la grippe H1N1, « retrouve bien l'ambiance angoissante des premiers jours des missions d'urgence, quand les chercheurs ne savent rien ou presque de la nature de l'épidémie ».

Autre force réaliste du film : « les scientifiques sont convaincus qu'un jour, surgira un virus mutant bien plus sévère (que ceux que nous avons connus dernièrement), qui fera des millions de victimes avant d'être contrôlé », écrit Pierre Haski dans Rue89.

Pour l'épidémiologiste américain Ian Lipkin de l'Université Columbia (New York), qui a agi comme conseiller scientifique auprès du réalisateur, la vérité sur des épidémies potentielles est effrayante, a-t-il expliqué au New York Times. Le risque est réel et en augmentation, expose-t-il. « Il a décidé de collaborer à ce film, dit-il, dans l'espoir qu'il serve de sonnette d'alarme pour le public et pour les gouvernements, soulignant la nécessité de disposer de services de santé, de structures de recherche, et de production de médicaments en parfait état de marche pour le jour où... », résume Rue89. Car, « il y a déjà eu des pandémies par le passé. Et il y en aura d'autres ».

Quelques points du film sont moins réalistes toutefois, notamment : « On voit une épidémiologiste mener une enquête toute seule, mais dans ce type de situation, ce sont des équipes entières qui sont mobilisées (...) », relève Françoise Weber de l'InVS.

Mais la principale incohérence du film, selon les spécialistes, est le délai trop court pour la production et la disponibilité du vaccin.

Sur Le Monde : Contagion, un film entre science et fiction

Sur Rue89 : Contagion, un Soderbergh pour nous préparer à l'inévitable pandémie

Psychomédia avec sources : Le Monde, Rue89, New York Times. Tous droits réservés.