La présence, dans la ville de Québec, de concentrations de poussières de nickel plusieurs fois plus élevées que les normes est connue depuis de nombreuses années, a-t-il été mis en lumière au cours de la dernière semaine.

De 2010 à 2012, le ministère de l'Environnement a relevé un taux de nickel de 67,9 nanogrammes pas mètre cube d'air dans le quartier Limoilou soit 5,7 fois la norme qui est de 12 ng/m3. Le Journal de Québec a aussi révélé que l'ébauche d'une étude du Conseil canadien des ministres de l'Environnement, datée de novembre 2012, indiquait des concentrations de 49,9 ng/m3 en 2001 comparativement à 1,2 pour Winnipeg la même année et de 1,4 pour Montréal en 2007-2008.

"La problématique dure depuis des années et les autorités sont restés passives", dénonce Véronique Lalande, une citoyenne de Limoilou qui a créé, avec son conjoint, le Comité vigilance Port de Québec. Mme Lalande a alerté la population en présentant des résultats de tests qu'ils ont eux-mêmes fait faire sur les poussières.

La Direction régionale de la santé publique (DSP) promet un "avis" pour le mois d’avril qui indiquera si et dans quelle mesure ces poussières sont nocives.

Quelles sont les effets potentiels sur la santé ? Voici quelques éléments de réponse.

Cancers

Mentionnons d'abord que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe le nickel dans les substances possiblement cancérigènes pour l’humain. L'exposition chronique au nickel est un facteur de risque du cancer du poumon.

Allergies

Le nickel serait aussi le plus allergisant de tous les métaux. Plus de 12 % de la population y serait allergique, dont une majorité de femmes. La réaction la plus fréquente serait une dermatite de contact (eczéma) provoquées par des bijoux ou des accessoires vestimentaires. Lorsqu'une sensibilisation au nickel est acquise, elle a tendance à être permanente et le nickel étant omniprésent dans les objets courants, l'allergie peut être très incommodante.

Maladies cardiaques et respiratoires

Le Comité rapporte, sur son site internet, une étude de l'Université Harvard (2009) qui indique que les admissions dans les hôpitaux augmentent avec les taux de pollution par les particules fines dans l'air (ce que d'autres études ont aussi montré, ndlr). Les résultats indiquaient que le lien entre particules et admission pour causes cardiaques et infarctus du myocarde était particulièrement important pour les particules de nickel.

Cependant, rapporte Le Devoir, selon le directeur du contrôle environnemental du ministère du Développement durable, Jean-Marc Lachance, les particules de nickel qui risquent le plus de nuire à la santé, les plus fines, ont des concentrations en dessous de la norme. Ce sont les plus grosses dont la présence est anormale.

Problèmes neurocognitifs

Le comité rapporte une étude publiée en 2012, menée en Nouvelle-Orléans avec des élèves de 4e année, qui montrait que la concentration de métaux à la surface du sol expliquait de 22 à 24% de la variation dans les performances scolaires alors que l’insécurité alimentaire expliquait de 29 à 37%. Le nickel était le métal ayant le plus d’influence sur la performance scolaire.

Les auteurs estimaient que cette étude suggérait que des investissements dans la décontamination des sols, tels que le remplacement de la couche superficielle des sols dans les aires de jeux des jeunes enfants, pouvait s’avérer une mesure efficace pour accroître la performance scolaire des élèves.

Dans cette étude, les concentrations en nickel à la surface du sol variaient de 2,6 à 13,5 mg/kg. En comparaison, les échantillons de poussière du comité contenaient de 432 à 7210 mg/kg.

Notons que cette liste de problèmes de santé potentiellement liés au nickel n'est pas exhaustive.

Pour plus d'informations, voyez le site Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec (Comité vigilance Port de Québec). Les études portant sur la santé sont rapportées dans la section Informations diverses.

Voyez également cet interview de Mme Véronique Lalande diffusé sur MAtv le 21 février 2013: Poussière rouge à Limoilou.

Psychomédia avec sources: Le Devoir, Québec Hebdo, TVA Nouvelle, Wikipédia. Tous droits réservés