La caféine pendant la grossesse pourrait être néfaste pour le développement du cerveau du fœtus, selon une étude française publiée dans la revue Science Translational Medicine.

La caféine et les autres substances dites psychoactives, se fixent sur des molécules situées dans les cellules cérébrales et modifient leur activité. Pendant la grossesse, elles risquent d’affecter le développement du cerveau du fœtus car les molécules sur lesquelles elles se fixent jouent un rôle clé dans le développement cérébral.

Christophe Bernard et son équipe (Inserm/Université Aix Marseille) ont constaté, chez des souris, que la consommation de café pendant la grossesse entraînait chez les bébés une plus grande sensibilité aux crises d’épilepsie et des problèmes de mémoire une fois adultes.

Pendant le développement du cerveau, certaines cellules naissent dans des régions cérébrales particulières puis migrent vers les régions dans lesquelles elles sont destinées à fonctionner. C’est le cas des neurones qui libèrent le GABA (un des principaux neurotransmetteurs du cerveau) qui vont migrer, notamment, vers l’hippocampe, une région cérébrale impliquée dans les processus de mémorisation.

Les chercheurs ont découvert que la caféine influence la migration de ces neurones en se fixant sur un récepteur particulier (A2AR). Elle ralentit ainsi leur vitesse de déplacement. Ces cellules arrivent alors plus tard que prévu à l’endroit où elles étaient destinées à s’établir. Ce retard de migration va se répercuter tout au long du développement et entrainer des effets néfastes sur le cerveau des souris à la naissance (excitabilité cellulaire et sensibilité aux crises d’épilepsie) et à l’âge adulte (perte de neurones et problèmes de mémoire).

"Cette étude est la première démonstration des effets néfastes de l’exposition à la caféine sur le cerveau en développement", dit Christophe Bernard. Mais, "bien qu’elle pose la question de la consommation de café chez la femme enceinte, il est nécessaire de rappeler la difficulté, liée à l’utilisation de modèles animaux, d’extrapoler ces résultats à la population humaine (...)", rappelle-t-il.

Les auteurs suggèrent de mener des études longitudinales pour évaluer, à court et surtout à long terme, les conséquences chez les nouveau-nés de l'exposition à la caféine pendant la grossesse et/ou pendant l’allaitement, ou encore dans le cas d’un traitement de l’apnée du nourrisson à base de citrate de caféine.

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