Dans un article publié dans le New York Times, intitulé « Quand le stress de l'hôpital vous rend malade », le Dr David Newman, urgentiste new-yorkais et auteur (1), décrit le syndrome post-hôpital.

Il est connu depuis longtemps, souligne-t-il, que les hôpitaux peuvent être la source de maladies : 1,7 million d'Américains développent des infections nosocomiales chaque année. Mais le syndrome post-hôpital est différent.

Le terme a été introduit en 2013 par le Dr Harlan Krumholz, professeur de médecine et de santé publique à l'Université Yale. Il a décrit (2) un syndrome apparaissant dans les jours et les semaines suivant un séjour à l'hôpital : « les systèmes physiologiques sont affaiblis, les réserves sont épuisées, et le corps ne peut éviter ou atténuer efficacement les menaces pour la santé ». Il a appelé cette période de vulnérabilité le syndrome post-hôpital.

Le syndrome a été identifié à la suite de nouvelles règles de l'assurance-maladie (« Medicare ») qui tiennent les hôpitaux responsables des réadmissions dans les 30 jours après la sortie. Lorsque les systèmes de santé ont commencé à étudier les patients qui retournaient à l'hôpital peu de temps après leur congé, deux faits importants sont apparus.

Tout d'abord, que le problème est commun et répandu, survenant suite à près d'une hospitalisation sur 5 chez les personnes bénéficiant de l'assurance-maladie. Ensuite, que la majorité des cas représentent une maladie distincte de la première hospitalisation. Le syndrome post-hôpital n'est donc pas une rechute, mais un état de vulnérabilité qui conduit le plus souvent à une nouvelle condition.

Les infections, par exemple, qui sont des complications connues d'un séjour à l'hôpital ne représentaient qu'une petite partie des maladies post-hospitalières, selon une grande étude portant sur les admissions Medicare. D'autres maladies post-hospitalières sont l'insuffisance cardiaque, les troubles gastro-intestinaux, la maladie mentale, les problèmes liés à la nutrition, les déséquilibres électrolytiques et les traumatismes (probablement liés à des chutes et une faiblesse).

» À bien des égards l'environnement de l'hôpital peut être opposé à la guérison », dit le Dr Krumholz : les machines bruyantes, les fréquentes piqûres d'aiguille, les attentes imprévisibles pour voir le médecin, la nourriture peu appétissante et la privation de sommeil… « Le résultat est que les patients hospitalisés sont souvent déconditionnés, en douleur, souffrant de malnutrition, stressés et ayant des rythmes circadiens perturbés. »

Afin d'aider à résoudre le problème, le Dr Krumholz et le Dr Allan Detsky (Université de Toronto) proposaient le mois dernier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) des changements radicaux dans les soins hospitaliers, rapporte l'article du New York Times. Leurs recommandations vont d'un décor plus gai et de la préservation de la dignité des patients en les laissant porter leurs propres vêtements, à la réduction des piqûres et des procédures.

Ils appellent les hôpitaux à servir de meilleurs repas car bien manger est essentiel pour la guérison et à s'attaquer au problème de la privation de sommeil (cesser de réveiller les patients lorsque ce n'est pas nécessaire, cesser la circulation évitable dans les chambres…)

« Tout ces dommages collatéraux ne doivent pas être », dit le Dr Krumholz. « Nous pouvons créer un environnement de guérison ».

(1) Auteur du livre " Hippocrates’ Shadow: Secrets From the House of Medicine » (« L'ombre d'Hippocrate : Secrets de la maison de la médecine »).

(2) Dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

Psychomédia avec sources : New York Times, NEJM
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