À Montréal durant l'été, l'exposition à un bruit ambiant élevé et continu est plus grande dans les secteurs défavorisés, selon une étude publiée dans la revue Public Health de BioMed Central.

Audrey Smargiassi et ses collègues (1) de l'Université de Montréal et de la Direction de santé publique de Montréal se sont appuyés sur les données du recensement de 2006 de Statistique Canada – la fiabilité des données du recensement de 2011 étant contestable, puisque l'exercice repose désormais sur une participation volontaire de la population.

Ils ont déterminé le statut socioéconomique des 3147 aires de recensement de l'île de Montréal. Une aire est la plus petite unité géographique de recensement et compte 585 habitants en moyenne. Pour qu'une aire soit qualifiée de défavorisée, elle devait répondre à huit critères, dont un faible revenu médian des ménages et une proportion définie de la population sans emploi ou vivant sous le seuil de la pauvreté.

Quant à l'intensité du bruit, elle a été mesurée par échantillonnage durant deux semaines consécutives, à l'été 2010, dans 87 lieux représentatifs de la ville.

Les sources de bruit répertoriées comprenaient notamment la circulation routière et les secteurs industriels, mais la mesure ne tenait pas nécessairement compte de tous les sons pouvant se faire entendre dans un quartier, comme ceux émanant d'un bar.

Dans l'ensemble de l'île de Montréal, le bruit ambiant extérieur oscillait entre 50,5 et 68,8 décibels A (dBA), avec une moyenne de 58,3.

Concrètement, 50 dBA équivalent au bruit d'une discussion à voix à peine plus basse que la normale et 68,8 dBA au son d'un sèche-cheveux.

15,8 % des aires dans lesquelles vivent plus de 300 000 Montréalais étaient les endroits à la fois les plus défavorisés et les plus bruyants.

« Cette réalité est plutôt propre à Montréal : dans d'autres grandes villes comme Paris, où le coût du logement est très élevé, l'exposition au bruit touche davantage les gens les plus aisés », fait remarquer Audrey Smargiassi.

Le bruit est plus intense dans le nord-est de l'île, soit aux abords des autoroutes et des quartiers où des industries sont installées, ainsi que dans l'ouest, où sont aussi situés des autoroutes de même que l'aéroport Montréal-Trudeau (Dorval).

Les personnes en situation de pauvreté pourraient même subir des bruits environnants plus grands, puisque les logements sont généralement moins bien rénovés que les habitations des quartiers où vivent les résidants de la classe moyenne ou supérieure.

« Nos résultats tendent à démontrer que les groupes les plus défavorisés subissent non seulement le poids de la pauvreté, mais aussi celui d'un bruit ambiant élevé », conclut Audrey Smargiassi. « Les interventions destinées à réduire le bruit à Montréal devraient cibler les secteurs où la population touche de faibles revenus. »

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), indiquaient les chercheurs dans une étude précédente, recommande que la population ne soit pas exposée à un bruit extérieur qui dépasse 55 dB(A) le jour et 40 dB la nuit.

(1) Laura M Dale, Sophie Goudreau, Stephane Perron, Martina S Ragettli et Marianne Hatzopoulou.

Illustration : sur cette carte (incluse dans l'étude des chercheurs), plus les zones sont foncées, plus on y trouve à la fois des ménages au statut socioéconomique précaire et du bruit intense. Les zones en noir abritent 16 % de la population montréalaise.

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, BMC Public Health.
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