L'anxiété est fréquente chez les personnes souffrant de douleur chronique, et les gens souffrant d'anxiété sont plus susceptibles de souffrir de douleur chronique.

Une étude, présentée au 9e congrès annuel de l'Association canadienne des neurosciences, a découvert une base biologique pour ce lien et identifié une molécule qui peut réduire l'anxiété liée à la douleur chronique.

« La douleur chronique peut être considérée comme une mémoire apprise : tout comme la répétition d'un morceau de piano vous permet de l'apprendre en facilitant la transmission des signaux appropriés à travers vos neurones, une douleur qui persiste peut devenir chronique parce que vos neurones deviennent plus efficaces à transmettre les signaux de douleur », explique le Dr Min Zhuo de l'Université de Toronto. Ce renforcement des connexions entre les neurones par l'utilisation répétée est appelé potentialisation à long terme (PLT).

Les travaux antérieurs du Dr Zhuo et son équipe ont montré que, dans des modèles animaux de douleur chronique, la PLT se produit dans le cortex cingulaire antérieur (CCA) et que l'inhibition de la PLT réduit la douleur chronique.

Fait intéressant, on observe également une augmentation de l'activité dans le CCA chez les personnes souffrant de troubles de l'anxiété et dans des modèles animaux d'anxiété.

La forme la plus fréquente de la PLT est une augmentation du nombre de récepteurs dans les neurones post-synaptiques (en aval de la synapse à travers laquelle les neurones communiquent les uns avec les autres). Une autre forme moins étudiée de la PLT se produit avant la synapse (PLT présynaptique), et implique la libération d'une grande quantité de signaux du neurone en amont. En utilisant des molécules qui bloquent spécifiquement la pré-PLT ou la post-PLT, le Dr Zhuo a trouvé une nouvelle forme de pré-PLT qui se produit dans l'ACC.

« Comparée à la post-PLT, la pré-PLT emploie un ensemble différent de molécules pour induire et exprimer la potentialisation liée à des blessures. Cette découverte nous offre de nouvelles opportunités de découvrir des médicaments qui peuvent contrôler sélectivement l'anxiété et la douleur à l'avenir », soulignent les chercheurs.

L'équipe du Dr Zhuo a également montré que les pré-PLT et post-PLT étaient présentes dans des conditions de douleur chronique, mais que la pré-PLT n'était présente que lorsque la douleur devenait chronique, et pas dans les cas de douleur aiguë.

Ils ont constaté que le blocage de la pré-PLT réduisait l'anxiété, et aussi que les conditions qui causaient l'anxiété chez les animaux (sans douleur) menaient à la pré-PLT. Ces expériences les aménent à conclure que la pré-PLT dans les neurones de l'ACC encode l'anxiété.

La découverte qu'il existe deux formes de PLT dans le CCA, la pré-LTP étant associée à l'anxiété et la post-LTP étant associée à la douleur, explique pourquoi ces deux conditions sont liées, puisque les deux conditions se traduisent par une augmentation de la transmission du signal du neurotransmetteur glutamate entre les neurones dans le CCA.

L'équipe du Dr Zhuo a également trouvé une molécule nouvelle, appelée NB001, qui peut bloquer spécifiquement la pré-PLT, et qui agit comme puissant antidouleur dans des modèles animaux de la douleur chronique. Une étude plus poussée des voies de signalisation de pré et post-PLT devrait révéler de nouvelles cibles pour le traitement de la douleur et de l'anxiété.

« Ce travail est le résultat d'une collaboration mondiale entre trois pays, chacun apportant une contribution scientifique importante et nouvelle. Ce modèle de collaboration mondiale est l'avenir de l'excellence dans la recherche scientifique », conclut le Dr Zhuo.

Psychomédia avec source : Association canadienne des neurosciences.
Tous droits réservés