Plus de 10 000 femmes enceintes ont pris le médicament Dépakine (valproate) entre 2007 et 2010 en France, selon une étude de l'Agence du médicament (ANSM) et de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS) révélée par Le Canard enchaîné.

Le médicament expose, indiquait l'ANSM en novembre 2015, à un risque d’environ 10 % de malformations congénitales (cardiaques, becs de lièvre, etc.) et à un risque de 30 à 40 % de troubles neuro-développementaux (autisme, retards psychomoteurs…).

L'acide valproïque, ou valproate de sodium, commercialisé sous les noms Dépakine, Micropakine, Dépakote, Dépamide et générique, est utilisé pour le traitement de l'épilepsie et du trouble bipolaire (épisodes de manie).

Le médicament est commercialisé depuis 1967 et ses risques « tératogènes » (durant la grossesse) ont été établis dès le début des années 80.

A partir de 2004, a précisé l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) en février 2016, « l'accumulation des signaux justifiait des mesures d'information », qui n'ont pas été pleinement mises en œuvre. Les risques liés à une grossesse n'ont été précisés sur les notices qu'en 2010 et les génériques ne présentent une information actualisée que depuis juin 2015, précisait l'Igas.

En se basant sur les chiffres du Canard, rapporte Le Figaro, et sur les pourcentages de risques, Me Charles Joseph-Oudin, principal avocat des victimes, « évalue à environ 710 le nombre d'enfants qui sont nés chaque année entre 2007 et 2014 avec des malformations ou des troubles neuro-développementaux. En remontant jusqu'à 1994, “date charnière” à partir de laquelle tous les risques du médicament “commencent à être connus”, ce sont près de 15 000 enfants qui pourraient avoir été touchés au total si les chiffres du Canard sont confirmés, selon Me Joseph-Oudin ».

Le ministère de la Santé s'est limité à indiquer que les résultats de l'étude seront présentés à l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) le 24 août prochain.

Le parquet de Paris a ouvert, en octobre 2015, une enquête préliminaire sur les conditions d'autorisation et de commercialisation de ce médicament et de ses dérivés.

Me Joseph-Oudin travaille sur quelque 850 dossiers, rapporte Le Figaro, dont 4 plaintes au pénal et 15 procédures civiles, les autres dossiers étant en cours de constitution.

Psychomédia avec sources : Le Figaro (avec Reuters), Le Figaro (avec AFP).
Tous droits réservés