L'émission Enquête d'ICI Radio-Canada a présenté, dans son émission du 2 février, un reportage intitulé « Médecins sous le radar ».

« La nature du système de rémunération des médecins québécois et le peu de contrôle du gouvernement ouvrent la porte à toutes sortes d'abus dans le système de santé », résume Madeleine Roy sur le site de Radio-Canada.

« Au Québec, la majeure partie de la rémunération des médecins provient du paiement à l’acte. Il représente 68 % des revenus des omnipraticiens et 83 % de ceux des médecins spécialistes », est-il rapporté. « En 2016, la rémunération totale des médecins a dépassé 7 milliards de dollars, soit 21 % du budget du ministère de la Santé. Elle devrait atteindre 9 milliards en 2020. »

« Qui s’assure qu’on en a pour notre argent en matière de rémunération des médecins ? »

« J’ai peur que la réponse à cette question-là ce soit : personne », répond Damien Contandriopoulos, professeur à l’Université de Montréal, qui dirige actuellement une recherche sur l’impact de la rémunération des médecins sur leur pratique et sur la performance du système de santé.

« Au Québec, dit-il, on a deux faiblesses combinées. On paye les médecins à l’acte et on a décidé que personne n’était capable de regarder quels actes étaient faits à qui, quand et pourquoi. »

Les journalistes de l'émission ont reçu une centaine de dénonciations de pratiques de « facturation opportuniste ». Ils mentionnent notamment l'exemple répandu des actes médicaux pratiqués les soirs et les fins de semaine afin de profiter de primes allant de 70 % à 150 % ainsi que la multiplication d'actes inutiles mais payants.

Un texte de décembre 2016 de l'Université de Montréal portant sur les travaux de Damien Contandriopoulos mentionne de son côté, parmi d'autres, l'exemple suivant : « Selon le lieu de pratique, un même médecin n’agit pas de la même façon. Par exemple, il téléphonera au patient pour lui donner les résultats d’un test au lieu de le faire venir à la clinique. (...) “Des médecins nous ont dit que, lorsqu’ils travaillent dans un milieu salarié, ils prennent le téléphone et communiquent ainsi le résultat du test. Quand ils sont payés à l’acte, ils demandent au patient de passer à la clinique.” »

De nombreux exemples illustrent qu'« alors que l’incitation financière est l’un des moyens actuels le plus employé pour stimuler la pratique médicale (...) cette approche est insuffisante pour l’influencer positivement », estime le chercheur.

L'émission présente aussi un reportage intitulé « Les millionnaires de la cataractes » qui a donné son titre à l'émission. Il porte sur l’Institut de l’oeil des Laurentides, une clinique d'ophtalmologie de Boisbriand : « un reportage choc sur les dérives d'une médecine privée subventionnée à même les fonds publics et les patients ».

Le reportage est disponible ICI TOU.TV (sur abonnement).

Psychomédia avec sources : Radio-Canada, Université de Montréal.
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