L'association française de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a rendu publics, le 21 mars, les résultats d'une enquête « patient-mystère » qu'elle a réalisée en pharmacies.

La visite de 772 officines dans 16 agglomérations « met en évidence une transparence de l’information largement insuffisante, des écarts de prix très marqués pour un même médicament et, plus grave encore, un conseil hasardeux ».

Les enquêteurs se présentaient incognito et sans ordonnance en pharmacie, et expliquaient être enrhumés. Ils demandaient à acheter pour eux-mêmes deux médicaments, qu’il est déconseillé d’associer car ils contiennent la même molécule (paracétamol) : du Doliprane 1000 mg et de l’Actifed Rhume Jour et Nuit.

Conseils

« Dans 86 % des cas, nous avons bien été mis en garde sur les dangers de cette association. Mais alors que la dose maximale en automédication est de 3 grammes de paracétamol par jour, 54 % des pharmacies ont conseillé une dose supérieure. Pire, dans 24 % des cas, le conseil donné pouvait aboutir à prendre au-delà de 4 grammes par jour, un niveau dangereux pour la santé. »

Prix : opacité et grand écart

« Si la visibilité des tarifs est bonne dans plus de 8 pharmacies visitées sur 10, il n’en est pas de même pour l’affichage obligatoire informant les clients que le prix des médicaments non remboursables varie d’une officine à l’autre. Nos enquêteurs n’ont trouvé que 10 % d’officines conformes à la réglementation sur cet aspect. »

« Comment s’étonner de ce peu d’allant à informer les consommateurs, alors que nous avons pu acheter un même médicament courant (Actifed Rhume Jour et Nuit) à un prix variant de 2,99 € à 9,10 €. (...) Au sein de chaque agglomération enquêtée, pour des officines proches, les écarts de tarifs peuvent atteindre 4,50 € sur l’Actifed. »

L’UFC-Que Choisir demande au gouvernement :

  • « l’interdiction de la publicité sur l’automédication auprès du grand public ;

  • la présence d’un encadré spécifique sur l’emballage des médicaments sans ordonnance, pour informer le consommateur sur les principales interactions et contre-indications ;

  • l’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies, sous la surveillance impérative d’un pharmacien. »

L’enjeu concurrentiel est majeur, souligne l'association qui préconise une « libéralisation encadrée de l’automédication ». Elle publie une étude d'impact qui montre « qu’en autorisant la vente des médicaments sans ordonnance en parapharmacies et dans des espaces dédiés des grandes surfaces, en présence permanente d’un pharmacien, cette mesure permettrait un gain annuel pour les consommateurs de 252 millions d’euros ».

« Dans le même temps, la santé financière des officines, loin des discours syndicaux alarmistes, est jugée bonne et en amélioration tant par les inspections générales des finances et des affaires sociales que par la Cour des comptes. Elle ne serait que marginalement affectée par la mesure (baisse de 5 % seulement de leur excédent brut d’exploitation), et les pharmacies rurales seraient préservées. L’exemple italien prouve en outre que la mesure n’entraîne pas de surconsommation de médicaments. »

Psychomédia avec sources : UFC-Que Choisir.
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