Mise à jour, 10 juillet : Dans un communiqué (ministères de la Santé et la Transition écologique et solidaire), « le Gouvernement prend acte de la décision de SANOFI de suspendre immédiatement la production sur son site industriel de Mourenx. Toutes les conditions en matière d’émissions et d’absence de risques pour les salariés et les riverains devront être réunies pour que l’État puisse autoriser une reprise de l’activité du site. ».

L’usine de Sanofi qui produit la Dépakine, à Mourenx dans le bassin industriel de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), rejette dans l’atmosphère des quantités de substances dangereuses très supérieures aux limites autorisées, a révélé l'association France Nature Environnement dans un communiqué le 8 juillet.

« La santé des riverains est directement menacée, tout comme l’environnement. »

France Nature Environnement et la Sepanso 64 (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest) « demandent l’arrêt immédiat des pollutions, quitte à envisager la fermeture administrative du site. »

Le communiqué de France Nature Environnement précise :

« Le bassin industriel de Lacq regroupe des industries chimiques, dont une vingtaine d’installations Seveso qui émettent plus de 140 polluants dans l’air.

Sanofi, premier industriel à s’être implanté sur la plateforme de Mourenx dès sa création en 1975, a l’autorisation de rejeter 5 composés organiques volatils (bromopropane, toluène, isopropanol, valéonitrile et propène) dans l’air dans la limite globale de 110 mg/m3. Or, il en émet en réalité 770 000 mg/m3… soit 7 000 fois plus que la norme autorisée.

Parmi ces 5 substances, le bromopropane, qui entre dans la fabrication du Valporate de Sodium (Dépakine), se démarque dangereusement. Sa valeur limite d’émission est fixée à 2 mg/m3, mais en octobre dernier ce sont 180 000 mg/m3 qui ont été envoyés dans l’air. La situation a empiré en mars, avec un rejet de 380 000 mg/m3. Ces deux contrôles ponctuels ont révélé un dépassement de 90 000 fois et 190 000 fois la norme sur deux colonnes d’abattages (qui traitent les gaz avant de les rejeter dans l’air). »

Sanofi n’a communiqué cette information à la préfecture qu’en mars dernier, lors d’une inspection. « Le rapport de celle-ci est accablant : si ces dépassements ont été possibles c’est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses 3 colonnes, mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l’air. »

« Le bromopropane a des effets toxiques néfastes pour la santé. Au-delà des irritations des voies respiratoires, de la peau, et des yeux ; il a aussi un potentiel cancérigène, mutagène et reprotoxique (baisse de la fertilité et malformation des fœtus).

Femmes enceintes, salariés et riverains sont massivement et continuellement exposés à cette substance en plus de celles qui sont émises par la plateforme industrielle, déjà tristement connue pour son air irrespirable et les nombreux problèmes de santé des populations alentours. »

Sanofi a informé la préfecture 6 mois après avoir constaté ces dépassements, alors qu’il aurait dû le faire immédiatement. L’entreprise a pris le temps de s’organiser pour présenter des solutions d’abattage de ces polluants et donc éviter la fermeture administrative du site. Pourtant, ces solutions ne permettent pas d’atteindre les limites déjà fixées et le temps qu’elles soient mises en place, les salariés et les riverains continueront de respirer un cocktail toxique. »

Pour Ginette Vastel de France Nature Environnement :

« La fermeture temporaire de l’usine est nécessaire, le temps que des solutions efficaces soient trouvées. Nous ne savons pas depuis combien de temps de telles quantités de substances toxiques sont rejetées dans l’air. Il faudrait connaître l’historique de cette pollution. Il est temps de mettre en place des mesures d’émission et des mesures environnementales régulières. Enfin, une étude sanitaire indépendante s’impose avec des valeurs qui prennent en compte tous les effets toxiques, cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques. »

Psychomédia avec sources : France Nature Environnement, Ministères de la Santé et de l'Écologie (communiqué), Le Monde.
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