Le médicament Priligy (dapoxetine), du laboratoire Janssen Cilag, destiné au traitement de l’éjaculation précoce (ou prématurée) sera disponible dans les pharmacies françaises début 2013. Dans un article publié en 2009, la revue Prescrire était d'avis que le "jeu n'en vaut pas la chandelle".

L'éjaculation précoce, serait une dysfonction sexuelle touchant un homme sur trois, rapportent les médias à l'occasion de l'annonce de la commercialisation du médicament en France. Mais un phénomène touchant un homme sur 3 peut-il vraiment être considéré comme une dysfonction sexuelle?

Priligy (dapoxetine) est un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine dont un effet secondaire est de retarder l'éjaculation.

"Quatre essais randomisés en double aveugle versus placebo chez un total de 4 414 hommes ont mis en évidence", rapportait la revue Prescrire en 2009, "qu'au mieux un homme sur trois et une femme partenaire sur cinq ont ressenti une amélioration au moins modérée de leur satisfaction sexuelle par un effet de la dapoxétine, au-delà de l'effet placebo. Cet effet placebo a été observé chez un tiers des personnes dans les deux sexes".

"La dapoxétine expose cependant aux nombreux effets indésirables des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine", soulignait la revue, "dont certains sont préoccupants: auto et hétéroagressivité, syndrome sérotoninergique, etc. Il s'y ajoute des hypotensions orthostatiques et des syncopes". Le médicament expose aussi à de nombreuses interactions médicamenteuses.

Outre ces effets graves, d'autres plus bénins portent sérieusement atteinte à la qualité de vie: "un homme sur six a ressenti des nausées, environ un sur dix s'est plaint de vertiges ou de migraines, un sur vingt de diarrhées, somnolence ou fatigue. Enfin, on comptait deux fois plus de troubles de l'érection sous traitement que sous placebo", rapporte Le Figaro.

"En pratique", conclut Prescrire, "il n'est pas justifié d'exposer des personnes à des effets indésirables potentiellement graves pour une amélioration symptomatique et modérée d'un trouble mal défini. Mieux vaut en rester aux techniques psychocomportementales".

Psychomédia avec sources: Refdoc.fr (résumé de l'article de Prescrire), Le Figaro Tous droits réservés