Une centaine de pays pauvres vont pouvoir accéder aux médicaments récents pour le sida. Le laboratoire américain Gilead, numéro 1 mondial de la fabrication d’antirétroviraux, a accepté de permettre la production de génériques par des laboratoires indiens pour les pays les plus pauvres ayant une prévalence élevée de sida.

Le laboratoire américain Gilead est le premier à signer un accord de licence avec la fondation Medicines Patent Pool, créée en 2010 par Unitaid, une organisation qui a pour objectif de faire baisser le prix des médicaments contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Les fonds de Unitaid proviennent d'une taxe sur les billets d'avion levée dans 15 pays.

Quatre médicaments de Gilead entrent dans le Patent pool: tenofovir (Viread), emtricitabine (Emtriva), cobicistat, elvitegravir.Ces deux derniers sont actuellement en développement clinique.

«Pour la première fois, les malades du sida des pays en développement vont avoir accès aux mêmes médicaments que ceux vivant dans les pays riches», se félicite le français Philippe Douste-Blazy, directeur d'Unitaid.

La Coalition PLUS, qui regroupe les associations de lutte contre le sida dans 10 pays, a salué l'accord. « Les malades du Sud bénéficieront des dernières générations de médicaments à des prix abordables et sans délais », a déclaré Khalil Elouardighi.

Le seul traitement accessible actuellement dans les pays du Sud est le Triomune, un antirétroviral, que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas utiliser. Il a été mis au point il y a une quinzaine d'années, a de nombreux effets secondaires et n'est efficace que deux à trois ans.

Entre 99 et 111 pays vont pouvoir bénéficier de l'accord entre Gilead et Unitaid. Malheureusement, dans certains pays qui ne sont pas inclus dans cet accord parce qu'ils ne sont pas considérés comme très pauvres, les plus démunis n'ont pas du tout accès aux soins, précise Emmanuel Trenado, directeur des programmes internationaux d'Aides.

Le pool est actuellement en négociation avec 6 autres firmes. Bruno Spire, président de l'association française Aides, espère que cet accord incitera d'autres laboratoires comme Johnson & Johnson ou Merck à rejoindre le Patent Pool. Car, les médicaments commercialisés par ces laboratoires sont indispensables pour un traitement récent exhaustif. Aides n'exclut pas de boycotter les produits Johnson (qui incluent beaucoup de cosmétiques) afin de faire pression.

Le Figaro, Rue89, Le Quotidien du médecin
Tous droits réservés