2012 - La Food and Drug Administration (FDA) américaine vient d'autoriser la commercialisation du Truvada, du groupe américain Gilead, pour le traitement préventif (prophylactique) du sida chez les personnes à risque (telles que les partenaires séronégatifs-ives de personnes séropositives) en combinaison avec d'autres mesures comme l'usage de préservatifs. Une décision qui est controversée.

À l'instar de groupes de défense américains, Act-Up Paris dénonce cette autorisation.

Les essais cliniques n'ont pas montré une efficacité suffisante et cet usage présente des risques qui se traduiront en personnes contaminées, estime l'organisation. "Laisserons-nous encore longtemps les lobbys du médicament dicter leurs règles à notre communauté, au mépris de notre santé ?", se demande l'organisation dans un communiqué.

Ce médicament, une combinaison des anti-rétroviraux Emtriva (emtricitabine) et Viread (ténofovir disoproxil), est utilisé depuis 2004, en combinaison avec d'autres médicaments, comme traitement de base chez les personnes séropositives. Son coût est d'environ 800 euros par mois (1000 $).

Dans une étude de 3 ans menée avec 2 500 hommes homosexuels et bisexuels, le Truvada, pris quotidiennement, en combinaison avec l'utilisation de condoms et un counseling, réduisait de 44 % le risque d'infection comparativement à un placebo. Une autre étude a montré une réduction de 75 % des infections dans des couples hétérosexuels lorsque le médicament était pris au moins 90 % du temps. Toutefois, rapporte WebMD, une étude menée auprès de 2000 femmes s'est terminée prématurément en raison d'un manque d'efficacité (qui a été lié à une faible adhérence au traitement).

Des experts craignent que le traitement amène les utilisateurs à adopter des comportements à risque (l'abandon du condom) chez des personnes qui auraient un faux sentiment de sécurité.

Ils craignent aussi le développement d'une résistance au traitement, explique le New York Times. Bien que le médicament ait une efficacité pour prévenir l'infection, il ne peut contrôler seul une infection déjà présente. Si une personne devient infectée en le prenant, les souches qu'elle porte pourraient devenir résistantes au traitement. Afin de prévenir la résistance, les personnes qui prennent le médicament devront passer régulièrement des tests pour s'assurer qu'elles sont toujours séronégatives.

Les risques d'infection et de résistance seraient d'autant plus élevés qu'une étude a montré que les gens n'adhéreraient pas bien au traitement, rapporte le New York Times.

Une raison qui pourrait contribuer à la modeste adhérence pourrait être les effets secondaires indésirables tels que la diarrhée, les nausées, la fatigue et les étourdissements qui sont importants surtout dans les premières semaines. Des effets secondaires plus sérieux incluent l'accumulation d'acide lactique et une hépatomégalie (augmentation du volume du foie) potentiellement mortelle. D'autres complications rares mais potentiellement sérieuses sont les problèmes rénaux et une perte de densité osseuse.

Une décision européenne concernant cette indication pour le Truvada ne devrait être prise avant 2013.

Psychomédia avec sources : New York Times, WebMD, Act-Up Paris.
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