Suite à une greffe de moelle osseuse réalisée pour le traitement d'une leucémie, deux personnes séropositives ne présentent plus de traces du virus du sida quelques mois après l'arrêt de leur traitement antirétroviral.

Timothy Henrich de l'Université Harvard et ses collègues ont rapporté ces cas lors de la conférence de l'International Aids Society (IAS) qui se tient actuellement à Kuala Lumpur en Malaysie. Ils ont reçu une greffe de moelle osseuse il y a 4 ans et demi et leur traitement antirétroviraux ont été arrêtés il y a 8 et 15 semaines.

Habituellement lorsqu'une personne arrête les médicaments, le virus revient en moins d'un mois. Il est toutefois trop tôt pour parler de "guérison", soulignent les chercheurs.

La technique utilisée impliquait d'affaiblir sévèrement le système immunitaire avant la greffe de moelle. Elle est tellement dangereuse (un patient de l'étude est d'ailleurs décédé) qu'il est contraire à l'éthique de l'utiliser chez quiconque n'est pas déjà à risque de mourir du cancer, en particulier parce que la plupart des personnes vivant avec le VIH peuvent vivre une vie relativement normale en prenant un cocktail antirétroviral quotidien.

Après la greffe, se produit un phénomène, appelé maladie du greffon contre l'hôte, dans lequel les nouvelles cellules attaquent les vieilles cellules affaiblies par la chimiothérapie et les éradiquent de l'organisme, un processus qui prend environ neuf mois, a expliqué le Dr Henrich. Parce que seules les anciennes cellules étaient infectées avec le VIH et que les nouvelles étaient protégées par les médicaments antirétroviraux, l'espoir était que le phénomène du greffon contre l'hôte vide les réservoirs du virus.

Un premier cas avait été rapporté chez un Américain vivant à Berlin, Timothy Brown, qui avait également reçu une greffe de moelle osseuse pour une leucémie d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus de pénétrer dans les cellules. Les donneurs des patients de Boston ne présentaient pas cette mutation.

Les informations que ces cas apportent sur la façon dont le système immunitaire peut être utilisé pour neutraliser le virus représentent un pas de plus dans la recherche d'un traitement curatif. Ils offrent notamment un encouragement, rapporte le New York Times, pour le projet de modifier génétiquement les cellules infectées afin de les rendre résistantes, est-il expliqué.

Illustration : Virus du sida

Psychomédia avec sources: New York Times. Tous droits réservés