Plusieurs avocats ont dénoncé le fait que le président de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine aurait accepté, vendredi 5 septembre, de renvoyer le procès d'assises de plusieurs braqueurs pour cause de ramadan, avant de se voir opposer un démenti formel des autorités judiciaires.

L'ordonnance de renvoi du procès ne mentionne pas le ramadan dans ses motifs écrits. Elle indique que le procès est renvoyé dans le souci d'une bonne administration de la justice.

Mais la demande de renvoi des avocats faisait valoir "les contraintes diététiques et les obligations cultuelles qui s''[imposaient]" à leur client musulman qui du fait du ramadan, aura "déjà vécu quatorze jours de jeûne" à l'ouverture de son procès, et "ne sera pas en pleine capacité de se défendre". L'un des avocats, Me Yann Choucq, confirmant cette position a ajouté que "ce n'était pas le seul motif de renvoi".

Mais les avocats des parties civiles sont convaincus que le ramadan est l'unique motif de renvoi, et jugent cette décision "aberrante". "Les autres motifs de renvoi éventuels étaient connus depuis longtemps et les demandes n'ont pas été suivies. Le seul élément nouveau qui a entraîné la décision du président de la cour d'assises est cette question du ramadan", a ainsi déclaré l'un d'eux, Me Pierre Abeg.

Interviewée sur Libération.fr, Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, estime que cette décision est "un coup de canif qu'on tente de porter à la République laïque". Et d'affirmer que "le religieux n'a rien à faire dans la justice".

Tout en mentionnant son respect pour l'indépendance de la justice, elle se dit interpellée et dérangée. "Ce qui est inquiétant et quand même bizarre, c’est que des centaines de personnes – j’en ai connues - se présentent à leur procès le ventre vide tout simplement parce qu’ils sont pauvres. Ils sont affaiblis et on ne repousse pas pour autant le procès. Pourquoi le faire maintenant et sur ce motif-là ?"

La ministre de la Justice Rachida Dati a estimé qu'il serait "inconcevable" que le ramadan soit invoqué pour motif du renvoi d'un procès, soulignant que dans le cas de Rennes la décision a été prise pour une "bonne administration de la justice".

SOS-Racisme a également déclaré, dans un communiqué, qu'il y voyait une atteinte au principe de laïcité, "si la cause du report est bien celle-là".

PsychoMédia avec sources:
Le Monde
Le Figaro
Libération