La sociologue de la santé, spécialiste des cancers professionnels, Annie Thébaud-Mony a refusé la Légion d'honneur décernée par la ministre du Logement Cécile Duflot pour dénoncer l'indifférence qui entoure les questions liées à la santé au travail et les crimes industriels.

Annie Thébaud-Mony est directrice de recherche honoraire à l'Inserm, présidente de l'Association Henri Pézerat (santé, travail, environnement) et porte-parole de Ban Asbestos France.

Dans une lettre adressée à la ministre, transmise à la presse le 4 août, elle appelle à agir pour "la remise en cause de l'impunité qui jusqu'à ce jour protège les responsables de crimes industriels". Elle déplore que la crise économique occulte la dégradation des conditions de travail ainsi que "l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimique".

"Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d'autrui, y compris en matière pénale", écrit-elle.

Annie Thébaud-Mony a notamment publié "L’industrie nucléaire : sous-traitance et servitude" (2000) et "Travailler peut nuire gravement à votre santé. Sous-traitance des risques, Mise en danger d'autrui, Atteintes à la dignité, Violences physiques et morales, Cancers professionnels" (2007) pour lequel elle a reçu le Prix de la revue Prescrire et de l’Association des journalistes de la presse médicale. Voyez le compte-rendu de Igor Martinache dans Lectures

Les travaux scientifiques de la chercheuse, indiquait la revue Santé et Travail en avril dernier, "ont toujours poursuivi un double objectif : mettre en visibilité les atteintes à la santé dues au travail et aider les victimes à obtenir réparation".

Interview : Sous-traitance nucléaire : vers « une relation de maître à esclave » ? (par Basta!) (La sous-traitance a notamment pour fonction de ventiler les doses de radioactivité reçues par le personnel. Certains travailleurs sous-traitants, pour ne pas perdre leur emploi, laissent leur dosimètre en zone protégée...). L'association Ban Asbestos France dont la chercheuse est porte-parole dénonce aussi "la sous-traitance et le transfert des risques vers des populations très précarisées (maintenance, nettoyages, gestion des déchets)".

Page de la chercheuse (École des hautes études en sciences sociales)

Psychomédia avec sources: Le Figaro, Le Télégramme, Santé et Travail. Tous droits réservés.