Plus de 200 universitaires apportent leur soutien, dans une lettre ouverte, à une professeure de l'UQAM, Marie-Ève Maillé, qui a reçu une ordonnance de la Cour supérieure l’obligeant à révéler les noms des personnes ayant participé à une étude et à fournir les enregistrements audio des entretiens qu’elle a réalisés avec elles. La chercheuse refuse d'obtempérer.

Dans le cadre de son doctorat en communication en 2012, Mme Maillé a mené une étude intitulée « Information, confiance et cohésion sociale dans un conflit environnemental lié à un projet de parc éolien au Québec », pour laquelle elle s’est entretenue avec 93 citoyens des MRC de l’Érable et d’Arthabaska où un parc éolien a été installé.

En 2014, un groupe de citoyens se disant dérangés par la présence des 50 éoliennes du parc a intenté une poursuite collective contre l’entreprise Éoliennes de l’Érable.

Dans une première juridique qui inquiète la communauté scientifique, le juge Marc St-Pierre, accédant à la demande de l'entreprise dans le cadre de sa défense, a ordonné à la chercheuse de fournir ses données brutes.

La chercheuse ayant refusé en invoquant l’engagement de confidentialité pris auprès des participants de son étude et du comité d’éthique de son institution, elle a reçu en mars 2016, une mise en demeure l’intimant de respecter l’ordonnance de la cour, sinon elle risquait d’être accusée d’outrage au tribunal.

L’UQAM avait refusé de venir en aide à Mme Maillé jusqu’à maintenant, rapporte Pauline Gravel dans Le Devoir, arguant que « ses données de recherche n’appartenaient pas à l’UQAM ». L'institution s'est ravisée récemment.

En août toutefois, le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, et Susann V. Zimmerman, directrice générale du Secrétariat sur la conduite responsable de la recherche au Canada, se sont portés à la défense de la chercheuse en rappelant « la nécessité de protéger les renseignements personnels confiés par les participants ».

La lettre ouverte, rédigée par la Pre Chantal Poulliot de l'Université Laval, explique notamment que ce jugement contrevient aux politiques des institutions de recherche et met en péril la capacité des chercheurs de mener des recherches en fonction de leur pertinence scientifique et sociale ainsi que celles des citoyens d'y participer.

Texte collectif dans Le Devoir : L’affaire Maillé, ou l’avenir de la confidentialité dans la recherche scientifique

Psychomédia avec sources : Radio-Canada, Le Devoir.
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