L'informatisation des Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait face à de sérieux problèmes, rapporte Le Parisien. Le logiciel Orbis, installé pour l’instant à hôpital Ambroise-Paré seulement mais qui doit être déployé progressivement dans les 39 hôpitaux de l’AP-HP, présente de sérieux bugs : erreurs pour les prises de rendez-vous, patients contraints de passer inutilement plusieurs fois un scanner…

Selon l'auteur d'un rapport confidentiel d'équipes de la Pitié-Salpêtrière publié en mars, le système Orbis, acheté en 2009 au coût de 125 M€, est dépassé. Sa conception date de 25 ans, il est lourd à faire fonctionner et très coûteux. L’investissement ne comprend pas l’achat d’unités centrales nécessaires une fois que le système sera déployé qu'il estime à au moins 3300 unités. Et il faudra au moins 700 personnes en permanence pour le faire fonctionner. Le coût pourrait atteindre les 300 M€, estime-t-il.

Le patron des services informatiques d’un des plus gros établissements parisiens, interrogé par Le Parisien, estime que "au mieux, on aura dans quelques années un logiciel qui ne fera que remplir le rôle de l’ancien dossier papier. Mais il ne répondra pas aux attentes des soignants de l’AP-HP, qui ont besoin de compiler plein de données médicales et techniques qu’Orbis ne pourra pas collecter".

A la direction de l’AP-HP, Eric Lepage, responsable du programme, estime toujours que le déploiement est possible, avec un retard d'un ou deux ans sur l'échéance prévue de 2014. "Si on arrête Orbis, on se retrouvera avec des applications cliniques et médicales déjà installées qui seront très hétérogènes, ce serait très lourd de les interconnecter. Ce système permettra enfin d’avoir un dossier unique pour les patients quel que soit l’hôpital de l’AP-HP où ils sont admis. C’est une révolution", dit-il.

De son côté, le député Gérard Bapt qui suit les questions de santé à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, constate que "depuis des années, notre système sanitaire ne parvient pas à passer correctement au stade de l’informatisation". Concernant le système Orbis, il se demande s'il est encore possible de tout arrêter et de privilégier une autre solution. Il souligne aussi la difficulté à mettre en place, depuis huit ans, le dossier médical personnel (DMP) pour chaque Français. Le DMP touche actuellement moins de 200 000 personnes et a déjà coûté 210 M€ fin 2011, indique-t-il.

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