Les CHSLD devraient s’orienter vers les soins palliatifs et la qualité de vie, avancent Marie-France Simard et André Gagnière, qui président respectivement le comité scientifique et le comité consultatif du ministère de la Santé et des Services sociaux(MSSS) sur les soins aux aînés en CHSLD, rapporte Le Devoir.

Ces "réflexions préliminaires", qui représentent un "changement de philosophie majeur", ont été présentées à un colloque de l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) le 6 février. Les auteurs remettront leur rapport au MSSS dans 6 mois.

De plus en plus, les CHSLD accueillent des personnes très âgées, qui ont une ou plusieurs maladies chroniques, une atteinte fonctionnelle très importante, des déficits cognitifs et des problèmes de santé mentale, explique M. Gagnière. En moyenne, les patients passent les 18 derniers mois de leur vie en CHSLD, une tendance qui devrait s’accentuer avec le virage de l’assurance autonomie, qui vise un maintien à domicile le plus long possible.

Changer la philosophie en CHSLD nécessiterait de revoir toute l’offre de services, selon Mme Simard. L’idée (...) "n’est pas d’arrêter de donner les soins. Mais de se demander, dans le temps qu’il leur reste à vivre, ce qui est approprié."

Les transferts vers l’urgence ou l’hôpital devraient, dans cet esprit, devenir "exceptionnels". "Ce qu’il faut mettre en avant (...) c’est que la qualité de vie et le confort auront préséance sur la prolongation de la vie", indique Mme Simard.

Elle remet aussi en question la pertinence de la médication à visée "préventive" dans ce contexte. "Qu’est-ce que ça donne de prendre du calcium et de la vitamine D quand il reste un an et demi de vie ?"

"Ce n’est plus le temps d’imposer des régimes restrictifs, ou des horaires fixes. Les patients devront pouvoir manger en pleine nuit s’ils le désirent", rapporte Le Devoir".

"Il ne faudra plus se contenter de mesurer les incapacités des personnes, mais évaluer aussi leurs capacités, car, "ce qui devrait être central, c’est préserver leur identité personnelle et sociale, les aider à maintenir des relations significatives et soulager leurs souffrances".

Les loisirs offerts devront être adaptés. Les activités doivent être dans le milieu, et disponibles nuit et jour.

Même l’architecture des établissements devra être revue. Des unités de 10 à 15 personnes devront être privilégiées. "C’est impensable d’avoir des unités de 50 personnes qui ont des troubles cognitifs et du comportement. De toutes les approches, avant la médication, ça doit être la première qu’on regarde", dit Mme Simard.

Il faudra travailler avec le patient et sa famille, explique Marie-France Simard : "Dans un contexte où on privilégie le maintien à domicile, le proche aidant aura joué un rôle très important et devra continuer à en jouer un au CHSLD. Il devra être vu comme un co-client".

"Il faut réaffirmer l’importance des médecins en CHSLD", croit André Gagnière. "Les CHSLD devront développer leur offre de soins spécialisés, car il ne faut pas surcharger non plus l’hôpital", ajoute-t-il. "Et les infirmières présentes sur les trois quarts de travail, la question ne devrait même pas se poser, c’est essentiel".

Une consultation parlementaire sur les conditions de vie en CHSLD se poursuit actuellement à Québec, rappelle Le Devoir.

Psychomédia avec source: Le Devoir.
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