L'industrie du tabac et le gouvernement suédois espèrent profiter de la présidence suédoise de l’Union européenne pour demander la légalisation du snus, une poudre de tabac à mâcher très populaire en Suède, le seul pays de l'Union européenne où il est autorisé. Ce produit, interdit dans l'Union européenne depuis 1995, est considéré par les cigarettiers comme un nouveau filon alors que la fumée est de plus en plus bannie des lieux publics à travers le monde.

Près d'un million de Suédois, en grande majorité des hommes, utiliseraient ce produit au moins une fois par jour. Les ventes de snus sont passées d'environ 2.500 tonnes dans les années 1970 à 7.500 tonnes en 2008, ce qui représente près de 800 doses par habitant.

British American Tobacco, l'un des plus importants producteurs de tabac et de cigarettes au monde (qui a acheté le suédois Fiedler & Lundgrena l'an dernier) a adressé récemment une lettre au président Nicolas Sarkozy, pour demander la légalisation du snus en France, et dans toute l'Europe, où il est interdit depuis 1992.

De son côté, le gouvernement suédois a saisi plusieurs fois la Commission européenne depuis cet hiver et multiplie les contacts avec plusieurs pays sur la question.

Il argumente que d'autres tabacs "oraux" sont autorisés et fait valoir que la Suède a un des plus faibles taux de fumeurs et que le snus est bien moins dangereux pour la santé que la cigarette.

Autorités sanitaires et spécialistes rappellent toutefois que le tabac oral est nuisible à la santé et fortement addictif.

"Il n'est pas établi que le snus joue le rôle de produit de substitution et il y a de bonnes preuves scientifiques qu'il a des effets négatifs sur la santé", soulignait l'Institut suédois de santé publique (SFI), dans un rapport publié en mai.

"Il est fortement suspecté que le snus augmente le risque de cancer de la bouche et du pancréas, et également de maladies cardio-vasculaires", précise Anders Ahlbom, professeur à l'Institut Karolinska.

Le snus est "une modalité qui est proposée aux fumeurs quand ils ne peuvent pas fumer : là où c'est interdit, l'industrie du tabac propose le snus et les tabacs à chiquer, pour que le fumeur "patiente", en attendant le moment où il pourra reprendre ses cigarettes. C'est donc une façon de maintenir la dépendance et l'habitude tabagique chez les fumeurs", considère Gérard Dubois, professeur de santé publique au CHU d'Amiens et président d'honneur de l'Alliance contre le tabac. Le snus peut aussi être pour les jeunes une porte d'entrée à la consommation de cigarettes.

La Société française de tabacologie (SFT) a également lancé une mise en garde contre le snus.

Psychomédia avec sources:
Europe 1
RMC.fr
TV5 (AFP)