L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) fait son mea culpa après le déluge de protestations suscité par la publication, l'an dernier, de l'expertise collective sur les troubles des conduites chez l'enfant et l'adolescent , qui proposait un repérage précoce de certaines manifestations d'agressivité afin de les endiguer au plus tôt.
Voyez à ce sujet:
Sensibilisation au trouble des conduites de l'enfant (France)

Ce rapport s'était attiré la colère de l'ensemble des professionnels de la petite enfance. Ulcérés par les recommandations des experts prévoyant une psychiatrisation précoce des bambins, et inquiets d'un avant-projet de loi du gouvernement sur la prévention de la délinquance, ils avaient lancé en février dernier une pétition, « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans », qui a recueilli plus de 190 000 signatures.

Suite à cette polémique, dans un colloque qu'il a organisé sur le sujet le 14 novembre, l'Inserm a annoncé une refonte complète de la façon de mener ces travaux fondés jusqu'ici sur une analyse certes très détaillée mais par trop théorique de toutes les publications scientifiques internationales (nord-américaines surtout) sur le sujet. Et sans suffisamment tenir compte de la réalité des pratiques en France.

Une assemblée de plusieurs centaines de professionnels à ce colloque ont débattu avec force et colère.

« Il faut s'interroger sur le risque éthique de grandir sous un tel oeil inquisiteur assorti souvent d'une disqualification des compétences parentales, alors que dans le même temps on aura tendance à proposer des psychotropes aux âges les plus précoces de la vie », analyse le professeur Bernard Golse, chef de pédopsychiatrie à Necker (Paris), qui ajoute « quand on rédige une telle expertise, il faut le faire avec la plus grande prudence dans le contexte politique actuel ».

« Dans les classements internationaux des maladies mentales, mettre sur le même pied l'acte d'agresser quelqu'un avec une arme et celui de faire l'école buissonnière pose problème », assène le professeur Claude Bursztejn, chef du service psychothérapique pour l'enfant et l'adolescent à Strasbourg. «

De surcroît, il faut bien comprendre qu'il n'est pas question, à partir des symptômes présentés par un petit enfant, d'en déduire son avenir d'adulte », affirme avec force le professeur Gérard Schmit, président du Collège de pédopsychiatrie.

Voyez également:

- Qu'est-ce que le trouble des conduites à l'enfance et à l'adolescence ?
- Prise en charge du trouble des conduites et de la psychopathie (France)

Psychomédia avec sources: Le Figaro, Libération. Tous droits réservés