Les enseignants sont de plus en plus souvent victimes des violences scolaires selon une enquête du ministère de l'Éducation nationale français portant sur l'année scolaire 2005-2006.

L'enquête révèle également que les atteintes aux biens, comme les vols, sont en recul, alors que celles aux personnes, comme les violences et les insultes, sont en hausse. Elle souligne l'apparition de nouvelles formes de violence, comme les blogs insultants à l'égard des professeurs ou encore le «happy slapping», ces scènes filmées clandestinement avec un portable et mettant en cause un élève ou un enseignant.

Les violences rapportées sont surtout concentrées dans les établissements difficiles. Environ 10 % des établissements ont déclaré à eux seuls 48 % de tous les faits de violence, et 5 % en ont signalé 33 %. Il s'agit pour l'essentiel des collèges et des lycées situés en zone d'éducation prioritaire, où les tensions sont toujours plus vives qu'ailleurs. Le fossé s'est encore creusé entre ces établissements, où le nombre de signalements a augmenté de 7 % par rapport à 2004-2005, et les «classiques», où il a légèrement diminué (-2 %).

La violence à l'encontre des professeurs a augmenté de 7 % par rapport à l'an dernier, contre 3 % pour les conseillers principaux d'éducation (CPE) et 1.5% pour les surveillants.

Dans sept cas sur dix, les enseignants sont la cible d'insultes ou de menaces ­ un élève furieux de sa note, d'un avertissement pour absentéisme, etc.

Loin derrière viennent les violences physiques sans arme (7,5 %), suivies par les «autres faits graves» qui n'entrent dans aucune classification (7 %, contre 4,5 % il y a trois ans) : «Ce résultat laisse penser que se développent des formes de violence inédites, probablement pour la plupart liées aux nouvelles technologies (blogs portant atteinte à la vie privée, happy slapping, etc.)», souligne le rapport.

Importante cette année, l'augmentation des incendies (80 %) et des jets de pierres ou autres projectiles (20 %). Mais, estime le rapport, cette poussée semble liée à l'explosion de violence dans les banlieues en novembre 2005 et aux manifestations contre le CPE en mars et en avril 2006. Ces crises se sont ensuite prolongées dans les établissements, notamment situés dans les zones sensibles.

Autres violences en diminution : les actes à motivation raciste et antisémite poursuivent leur déclin : ils sont respectivement en baisse de 20 % et de 40 %. Même constat pour les agressions à caractère sexuel.

Source: Libération, 2 janvier 2007.