Le 6 février se tiendra la Journée mondiale des Nations unies contre les mutilations génitales féminines.

Les mutilations génitales féminines (MGF) sont devenues un nouveau problème de santé au Canada et au Québec selon le Conseil du statut de la femme du Québec (1995) et plusieurs chercheurs, rapportait en 2006 la sociologue Aoua Bocar Ly (1) dans un article publié dans le quotidien Le Devoir à l'occasion de cette journée.
Plusieurs femmes originaires de pays «excisants» ont subi l'opération avant leur arrivée. Leur nombre ne cesse de croître avec l'immigration et la diversité culturelle.

"Sous forme d'excision, la pratique des MGF est l'ablation du clitoris et d'une partie ou de la totalité des petites lèvres et, sous forme d'infibulation, on coupe entièrement les petites lèvres, le clitoris et on coud ensemble les grandes lèvres en ne laissant qu'un petit orifice qui permet le passage des urines et du flux menstruel", précise la chercheuse.

"Au regard de leurs conséquences sur la santé physique et mentale des femmes, les MGF constituent l'une des formes extrêmes de la violence faite aux femmes", commente-t-elle.

"(...) les professionnels de la santé sont de plus en plus confrontés à des femmes excisées ou infibulées, surtout lors du suivi des grossesses et lors des accouchements. Souvent, une désinfibulation permettant le passage du nouveau-né est nécessaire, mais en plus, un bon nombre de ces femmes ou leur mari exigent la réinfibulation (Conseil sur le statut de la femme, 1994). Ce qui pose un problème éthique et moral. Ces cas provoquent bien sûr des chocs chez les intervenants de la santé qui ne sont pas préparés à ce genre de situation, ni techniquement ni psychologiquement."

Le réseau "Femmes africaines, Horizon 2015", au Québec, travaille depuis une dizaine d'années à l'éducation et à la sensibilisation des mères de famille, des leaders d'opinion dans les communautés, des exciseuses traditionnelles, des hommes (surtout les plus jeunes) et des membres du corps médical.

Un projet de recherche-action vise "à développer des stratégies adéquates de protection des fillettes néo-québécoises contre cette pratique, d'assistance aux femmes qui en sont déjà victimes et à outiller les professionnels de divers secteurs (justice, éducation) et surtout santé et services sociaux afin qu'ils soient à même de prodiguer des soins adéquats aux femmes souffrant des séquelles des MGF, surtout lors des accouchements.

(1) Aoua Bocar Ly est chercheuse associée à l'Institut d'études des femmes de l'Université d'Ottawa et membre associée à l'Institut Santé et société de l'Université du Québec à Montréal, présidente-fondatrice du réseau «Femmes africaines, Horizon 2015» et membre fondatrice du Comité interafricain de lutte contre les pratiques traditionnelles affectant la santé de la femme et de l'enfant.

Psychomédia avec source : Le Devoir.
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