Réponse à: ABERNATI (aider un fils malgré lui)

Surnom: ABERNATI
Âge: 51
Sexe: masculin

Couple heureux en ménage depuis 27 ans, un seul problème :fils unique de 24 ans, école régulière jusqu'à 18 ans et aux adultes jusqu'à septembre dernier sans avoir terminé son secondaire. Depuis, plus d'étude, un peu de recherche de travail et tout abandonné. Travail uniquement l'été depuis les six dernières années. N'a plus aucun intérêt sauf la télévision de 16h00 à 6h00 du matin. Dort de 6h00 à +- 15h00. Désabusé de tout, caractère maussade, s'alimente mal, boit de 6 à 8 bières par nuit. Le savons dépressif. Avons moi et mon épouse consulté un psychologue et tenté de l'amener consulter sans succès. Ne veut voir ni médecin, ni psychologue. Craignons tentative éventuelle de suicide car caractère imprévisible. Impossible d'en discuter car se fâche et n'écoute pas de conseils. À notre connaissance rien d'anormal n'a pu se produire dans sa vie pour provoquer une telle pathologie. À son âge j'ai fait une dépression, je m'en suis très bien sorti. Une de mes soeurs aussi.! Du côté de mon épouse, une soeur

Cher Abernati,

Vous ne donnez pas beaucoup de détails sur votre fils ni sur son environnement familier: s'il a des amis, s'il habite encore chez-vous etc. Si j'ai bien compris votre problème, vous vous inquiétez énormément pour votre fils de 24 ans qui vous semble dépressif, boit beaucoup et ne fait pas grand chose de ses journées.

Dans l'éventualité où il habiterait chez vous, il serait peut-être important de commencer à considérer lui mettre certaines limites. Des frais de pension seraient, par exemple, raisonnables à son âge. S'il n'a pas d'argent, il devra alors faire une demande au ministère de la sécurité du revenu bien-être social. Il est possible que cette simple démarche le fasse réagir. Vous pourriez aussi lui demander un certain partage des tâches comme le ménage, son lavage, la vaisselle, la bouffe de temps à autre. Il s'agit qu'il fasse sa part, finalement. C'est davantage à vous de voir ce qui, dans votre vie concrète, le responsabilisera le mieux. Puisque vous avez déjà consulté un psychologue, ce dernier pourra peut-être vous aider à mettre ces limites. Il y a un âge où sa vie doit commencer sans ses parents et où il est important qu'on se responsabilise face à cette vie.

Il est bien clair cependant que vous n'avez pas beaucoup de pouvoir sur ce qu'il fait de sa vie et il doit vous être extrêmement pénible de le voir ainsi gâcher une partie de sa jeunesse. Il est impossible de vouloir à la place de quelqu'un d'autre. Si votre fils ne veut pas admettre qu'il a des problèmes, il semble peu probable qu'il puisse se prendre en mains pour régler ces problèmes. Plutôt que de lui conseiller de consulter pour des problèmes qu'il ne croit pas avoir, vous pourriez peut-être commencer par essayer de l'aider à prendre conscience qu'il a des problèmes. Parlez-lui de son avenir, de ses intérêts, de ses buts. Demandez-lui s'il est heureux. Reflétez-lui qu'un jeune homme de 24 ans devrait être plein de vie, rempli de projets. Essayez de l'amener à considérer qu'il a des problèmes en lui reflétant ce qu'il fait sans pour autant lui faire la morale. Dites-lui que vous vous inquiétez, que vous le voyez ne rien faire, et que vous avez peur qu'il se sente très mal dans sa peau. Une fois qu'il aura admis avoir des problèmes, tentez de trouver avec lui des solutions. Il risque d'être beaucoup plus ouvert aux suggestions. Lorsque vous tentez de discuter avec lui, évitez les jugements moralisateurs, les expressions comme « tu es un raté, un si ou ça ». Parlez simplement de vous et de ce que vous ressentez. S'il se fâche, reflétez-lui son attitude et exprimez-lui que vous voulez seulement parler parce que vous êtes inquiet.

Vous dites aussi que vous craignez pour le suicide. Lui en avez-vous parlé? La question du suicide doit s'aborder aussi directement que les autres problèmes. Demandez-lui s'il pense au suicide, s'il a une planification en tête (où, quand, comment). Faites-vous aider au besoin par le centre de prévention du suicide le plus près de chez-vous. Les personnes de ces centres sont entraînées à aider les gens et si jamais il s'avérait que sa vie était en danger à court terme, ils sauront vous expliquer quoi faire pour assurer la sécurité de votre fils, au besoin malgré lui.

Il n'en va pas de même hélas pour les bières, la télévision, son caractère et l'absence d'emploi. Aucune loi, aucune ressource ne peut aider votre fils dans ces domaines tant qu'il n'a pas admis avoir besoin d'aide.

Quant à vous, je vous encourage à placer vous aussi vos propres limites, à faire attention à vous, bref. Si vous ne pouvez le faire pour vous, faites-le au moins pour lui en vous disant qu'un parent épuisé ne peux plus être très aidant.

Bon courage, Abernati.

Jean Rochette, Psychologue