Réponse à: ABRICOT (je suis amoureuse de mon psy)

Surnom: ABRICOT
Pays: France
Âge: 40
Sexe: féminin

En août dernier, j'ai fait une anxio-dépression qui m'a amenée à prendre rendez-vous avec un psychiatre qui pratique également la psychothérapie.

Un traitement anti-dépresseur et anxiolytique a été initié. Une psychothérapie est venue compléter ce traitement.

Durant 5 mois, nous avons fait un travail de grande qualité à raison d'une fois par semaine environ ce qui m'a permis de me "retrouver", de prendre conscience de certains de mes problèmes, d'y apporter des solutions ou de les accepter comme tels. L'efficacité de cette cure ne s'est pas faite sans l'immense complicité qu'il y eut entre mon psy et moi, ce que vous, spécialistes, appelez "le transfert". Je me suis beaucoup documentée sur ce sujet pour comprendre le pourquoi du comment.

Cependant, j'ai la conviction qu'au-delà du transfert, des sentiments amoureux se sont réellement développés entre lui et moi. Nous en avons parlé, il me l'a confirmé, mais compte-tenu de "la règle de l'abstinence" que doit s'imposer tout psychiatre, psychothérapeute ou psychologue, nous n'avons pas pu entrevoir une solution à ce problème. J'ai choisi, par conséquent, d'arrêter ma psychothérapie avec lui afin de nous ouvrir des "horizons nouveaux".

Malheureusement, rien ne se passe. Je le relance régulièrement, souvent par courrier confidentiel déposé à son secrétariat, il me répond en général par téléphone, sensible et touché des mots que je lui adresse, mais ça s'arrête là.

Que dois-je faire ? vos conseils me seraient extrêmement précieux. Dois-je renoncer, insister, être patiente ? Je ne sais plus comment m'y prendre pour qu'il donne signe de vie de lui-même et non en réponse à mes courriers.

En tout état de cause, je voudrais encore y croire !

Bonjour Abricot,

Vous nous dites que «au-delà du transfert, des sentiments amoureux se sont réellement développés entre lui et moi». Je désire commencer par commenter cette phrase.

Le transfert n'est pas un «faux» sentiment amoureux. Lorsque la cliente devient amoureuse de son psy (ou le client de sa psy), oui, nous les experts nous appelons cela un transfert. Mais cette appellation ne sous-entend pas que ce n'est pas du vrai amour. Bien au contraire ! Ce terme implique que nous transférons les attitudes et sentiments d'amour de l'enfant envers ses parents (figures d'autorité) sur la personne du psychothérapeute. Beaucoup de clientes disent : «C'est comme un père pour moi». Le passage de la relation thérapeutique à la relation érotisée, puis sexuelle, est alors désirée. Ce désir peut accompagner la démarche . mais sans passage à l'acte toutefois. Désirer n'est pas nocif. Céder à ce désir l'est pratiquement toujours.

Votre psy a su bien gérer cette problématique en s'imposant la règle de l'abstinence. Lui aussi semble avoir éprouvé ce sentiment amoureux envers vous, c'est possible, mais .. rien ne s'est passé.

Toute nouvelle insistance de votre part ne vous amènerait qu'à essuyer de nouveaux refus frustrants pour vous (et peut-être pour lui). On dirait que quelque chose vous pousse à devenir la «cliente spéciale» à ses yeux, cliente pour qui - enfin - il ferait une exception. La petite fille qui désire tellement être spéciale aux yeux de son papa . ne sait plus comment s'y prendre . Seriez-vous vraiment heureuse de voir votre psy déraper dans une faute professionnelle ?

Des sentiments amoureux, pour réels qu'ils soient, ne doivent pas tous, obligatoirement, déboucher sur quelque chose de plus concret.

Que diriez-vous, Abricot, de laisser ce désir grandir en vous, de lui faire de la place, de lui accorder toute l'importance qu'il mérite . et de constater avec joie que votre capacité à aimer est intacte. Vous n'avez pas besoin de lui pour cela.

La présente réponse a été rédigée en collaboration avec un confrère psychanalyste.

Bonnes réflexions, Abricot !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue