Réponse à: ALICE (inceste sur enfant en bas âge)

Surnom: ALICE
Pays: Belgique
Âge: 30
Sexe: féminin

Je souhaiterais correspondre avec ( ) (elle a posé une question dans la semaine du ( ) et elle vit le même problème que moi. En lisant son histoire, je croyais voir la mienne. Si vous pouviez me communiquer son adresse E-mail ou lui communiquer la mien, cela me ferait un très grand plaisir.

Lorsqu'on n' est plus seule dans une situation très grave et presque désespérée, une entraide peut faire beaucoup de bien. Cela peut rendre force, courage et surtout espoir. Je suis déjà en contact avec des personnes dont les enfants ont été abusés, mais je n'ai jamais eu la chance de pouvoir être en contact avec une personne qui vit une situation quasi identique. J'ai quand même une question importante.

Pourriez-vous expliquer quelles sont les capacités de mémoires d'un enfant de 3 à 4 ans? Comme ( ), on dit que c'est la mère qui peut faire dire des choses à son enfant. Je vois mal comment, car un enfant de 3 ans aurait peine à répéter quelques mots. Je voudrais avoir l'avis d'un spécialiste sur cette question.

Merci.

Bonjour Alice,

Notre service ne prévoit pas que nous mettions les visiteurs en contact les uns avec les autres. Il vous est cependant possible d'établir de tels contacts sur la page des forums.

Quelles sont les capacités de mémoire d'un enfant de 3 à 4 ans ? La capacité de mémorisation débute très tôt chez le jeune enfant. Entre un an et deux ans, il se souvient déjà d'événements isolés et vers trois ans, il réussira à structurer les événements isolés en histoires.

Contrairement à une opinion très répandue, l'exactitude du rappel d'un souvenir ne varie pas, ou très peu, avec l'âge.

Cependant, les enfants sont très vulnérables aux interférences (brouillage). Sans interférence, les souvenirs des enfants peuvent être étonnants d'exactitude. Et les souvenirs sont d'autant plus exacts que le récit de l'enfant est libre et spontané. Toute question, même non suggestive, entraînera un effort pour se conformer à la réponse attendue de l'adulte.

La majorité des enfants, dès l'âge de trois ans, font bien la distinction entre fantaisie et réalité. Certains d'entre eux peuvent ajouter des détails farfelus qui partent de leur imagination et qui ont comme fonction d'enjoliver le récit. Celui-ci risque alors de perdre sa crédibilité.

Par ailleurs, il est exact que la mère peut faire dire «des choses» à son enfant.

On cite le cas d'un enfant de 6 ans qui rentre avec sa mère chez le psychologue pour une première visite (dans un contexte d'expertise psycholégale). À peine assis, il demande à sa mère : «Maman, c'est quoi la vérité aujourd'hui ?». L'histoire est authentique.

Vous croyez que les enfants de trois ans ont peine à répéter quelques mots ? Détrompez-vous. Les enfants de cet âge peuvent relater de façon très cohérente un récit, que celui-ci ait été induit par suggestion ou non.

Il existe des différences entre un récit qui est le résultat de la suggestion et celui qui est basé sur des faits réels. Un grand nombre d'études permettent aujourd'hui au spécialiste d'évaluer une déclaration d'un enfant et de déterminer son degré de validité. Ce degré de validité n'est évidemment pas absolu mais s'exprime en terme de «possible», de «vraisemblable», de «crédible».

Bonne chance, Alice.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue