Réponse à: AVANTI (agressive avec ses enfants)

Surnom: AVANTI
Pays: Canada
Âge: 35
Sexe: féminin

Bonjour à l'équipe.

J'ose pour la première fois aborder mon problème parce que j'ai vraiment réalisé la gravité hier, un ami qui m'a vue seulement 2 fois avec les enfants m'a fait la remarque de mon agressivité face à mes enfants, d'une façon très directe. J'ai pas eu le choix de voir la réalité en face et de me rendre compte que mon probème est sérieux et que je dois y remédier au plus vite.

J'ai deux garcons, 5 et 3 ans. Je suis séparée depuis 6 mois. Avant de me séparer, mon et mon mari avons été en thérapie et nous avons découvert que j'étais abusée psychologiquement. Au fond, je savais, mais je ne voulais pas vraiment le voir. Les critiques, les reproches, le sarcasmes faisaient parti de mon quotidien. A un point tel que je me suis sentie diminuée et bonne à rien. Parfois j'ai eu droit à des remarques du genre "T'é pas une bonne mère" "tu sais pas comment t'y prendre" "t'é pas capable de faire le ménage" "Va donc te faire soigner" . Selon toutes les critiques que j'ai eu droit, je ne lavais pas le linge comme il faut, je ne passais pas la balayeuse comme il faut, je ne lavais pas la vaisselle comme il faut, je ne placais pas les ustensiles comme il faut dans les tiroirs. Alors que lui travaillait et que moi je restais à la maison pour m'occuper des enfants en plus d'en garder d'autre, il trouvait invraisemblable que je n'ai pas le temps de tout faire, de m'occuper de l'extérieur comme tondre le gazon.

Lorsque j'éprouvais des difficultés et que j'étais émotivement très boulversée et que j'esayais de lui en parler, il me revirait de bord en disant que c'était à moi à régler mes problèmes et que lui n'était de toute façon pas là de la journée et ne pouvait rien faire pour moi.

J'en suis venue à ne plus faire de ménage...je le faisais tellement pas d'une façon correcte que je me disais que ça donnait rien de toute façon. Je m'évitais ainsi ses critiques face à ce que je n'accomplissais plus. Je n'avais plus le goût de cuisiner, je ne faisais plus rien dans la maison. Les fins de semaine, je m'effaçais et le laissais prendre soin de mes enfants. Je n'étais plus capable de tolérer qu'il me critique ouvertement devant mes enfants qui commençaient à se revirer contre moi et me manquer de respect. Ils avaient même commencer à répéter mot pour mot ce que leur père me disait et ça me blessait très profondément.

Pour ajouter à tout ça, j'ai sentie que ma place n'était plus là. Lorsqu'il rentrait à la maison, il n'en avait que pour ses enfants, il les cajolait, leur souriait, s'occupait d'eux, les consolait quand ils avaient de la peine. Moi? Rien. Moi j'étais une adulte qui était capable de prendre sur moi, qui n'avait pas à sentir le besoin de me faire sourire, y'avait pas à s'occuper de moi et fallait surtout pas qu'il me console quand j'avais de la peine pcq j'étais une adulte capable de contrôler mes émotions.

Je suis devenue jalouse de mes enfants et de toute l'attention qu'ils pouvaient avoir de leur père. J'en suis venue à leur en vouloir. A certains moment, l'idée qu'ils faisaient même exprès pour voler l'attention de leur père face à moi me surgissait dans mon esprit. Ça me rendait folle de rage.

A ce moment, j'essayais de communiquer avec mon mari, mais sans grand résultat, ou avec des critiques en bout de ligne comme quoi j'étais pas normale etc.

Les problèmes avec mon mari m'ont fait perdre confiance en moi en tout. Il ne voulait plus de relation sexuelle. Lorsque j'essayais de faire des avances, j'essuyais souvent un refus très sec qui me blessait chaque fois. J'en suis venue à penser que je n'étais plus désirable, que même sexuellement, j'étais bonne à rien.

Alors c'est dans cet état que j'ai quitté la maison avec les enfants. Je voulais m'en sortir, je sentais que ma relation était malsaine. C'est le moyen que j'ai trouvé. Je me rends compte aujourd'hui des conséquences face aux abus psychologiques que j'ai subi, et qui me suivent encore. J'ai réussis à regagner une certaine confiance en moi mais pour ce qui des rapports avec les autres, j'en arrache beaucoup. L'idée de me retrouver dans l'intimité me terrorise, peur de ne pas être désirée, peur qu'on ne s'intéresse pas à moi, peur de ne pas dire ou faire les bonnes choses, j'ai l'impression de toujours gaffer sans cesse. J'ai surtout peur de m'ouvrir à nouveau et de souffrir.

Le temps que je vivais avec mon mari, je me suis construite une grande coquille autour de moi et je me suis forgée un façade dure et intouchable pour ne plus avoir mal. Et ça, avec tous les gens qui m'entourent, même mes enfants. C'était mon moyen pour ne plus souffrir des critiques rabaissantes de mon mari. J'ai pilé sur mes principes de vie pour aller chercher ce dont j'avais besoin ailleurs, et ce, par tout les moyens, même si ce n'était moralement pas correct. J'ai essayé par tout les moyens de devenir une personne froide et insensible et j'ai fait souffrir des gens autour de moi, en particulier mes enfants.

Mais ce qui me préoccupe le plus, c'est l'agressivité que j'ai développé face à mes enfants. Avec le temps, ça a grandi, je ne comprend plus tellement pourquoi. J'ai l'impression parfois que je remets sur eux les souffrances que j'ai vécu. J'ai parfois l'impression qu'ils m'empêchent d'accomplir ma vie de femme. Je sais que je peux pas tout régler en même temps. Mais j'aimerais tellement être un mère, au moins, sans agressivité. Mon agressivité se traduit par des mouvements brusques, je crie beaucoup après eux, je me fâche très vite. J'ai parfois tellement le goût de les frapper que ça me fait peur, alors je sors mon agressivité en criant. Ensuite je me sens terriblement coupable parce que je sais que c'est néfaste pour eux. Lorsqu'ils font des cauchemars la nuit, je me dis que c'est de ma faute et que c'est moi qui les perturbe.

Je dois préciser que les enfants sont très agressifs, ne suivent que rarement les consignes et sont très agités.

Je me sens prise dans un engrenage et je ne sais plus comment m'en sortir, j'ai vraiment besoin d'aide et je ne sais pas à qui m'adresser. Ça me fait peur en même temps d'en parler, j'ai tellement été jugée par le passé. Je me sens seule et incomprise. Souvent, je pense au suicide parce que je me dis que je ne serais plus là à les détruire psychologiquement.

Bonjour Avanti,

Je comprends bien votre situation. Les problèmes avec votre mari (principalement, les abus psychologiques), la perte de confiance en vous, la peur de l'intimité, etc., vous ont rendu agressive et colérique envers vos enfants.

Je vous invite à aller chercher de l'aide immédiate auprès du groupe Parentraide. Le numéro à Montréal est 514-288-5555 et ailleurs en province : 1-800-361-5085. Ce groupe d'entraide se réunit le mercredi soir dans plusieurs villes du Québec et les rencontres sont gratuites. Parallèlement à cette démarche, je vous invite à aller voir un psychologue pour débuter une psychothérapie. Je crois qu'il est important que vous exploriez vos processus relationnels afin de les comprendre, de les accepter, et de les changer.

Bonne chance, Avanti, et en avant !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue