Réponse à: BABOUNE (suis-je normale ?)

Surnom: BABOUNE
Pays: France
Âge: 13
Sexe: féminin

Bonjour,

Je vous écris car je me demande si je suis normal, j'ai 13 ans et tous le monde me dis que j'en fais 15 et je me sens très mal , j'ai l'impression d'etre enfermé dans une Salle d'ou je ne peux plus sortir , je pleure tous les jours, à chaque fois que l'on me fait une petite remarque et je n'arrive pas à me controler cela me fait beaucoup de mal.

Pensez vous que je dois aller voir un psychologue cette idée ne m'enchante mais il faut bien que quelqu'un m'aide. On me dit que c'est peut etre une crise d'adolessence et qu'il faut attendre que sa passe mais moi sa fait 1ans que j'attends. Et je souffre trop pour continuer à attendre.

En plus de sa le père de ma meilleure amie est mort il y a 1 an ( suicide ) alors j'essaye de regler tous ses problemes et ma mère dit qu'il ne faut pas que je prenne tous ses Probleme a c ur car apres j'ai le cafard. Etes vous d accord ?

Suis-je normale ?

Merci d'avance.

Bonjour Baboune,

Si à 13 ans tu en fais presque 15 et si ça fait un an que tu attends que ça passe (le malaise), il y a de bonnes chances que tu sois effectivement dans une crise d'adolescence.

Certains jeunes commencent à vivre ce moment de crise à 12 ans ou même à 11 ans. Les experts disent qu'il y a parfois plusieurs périodes de crise durant l'adolescence (recherche d'identité, recherche d'autonomie, recherche de ci ou de ça .), ou alors pas de crise du< tout.

Ton impression d'être enfermée, tes moments de larmes, ton manque de contrôle occasionnel, sont sûrement difficiles à vivre et il est certain que cela puisse te faire beaucoup de mal.

Cependant, je vais te dire deux choses : d'abord, c'est un mal pour un bien. En effet, ces moments douloureux modifient ton caractère et t'amènent de l'enfance (où tu n'es plus) vers l'âge du jeune adulte (où tu n'es pas encore). Cette transformation ne se fait pas sans heurts, comme une pierre ne peut pas être polie sans frictions.

La deuxième chose est une bonne nouvelle : c'est temporaire. Ça ne durera pas. Si le début de ton adolescence est marqué par toutes ces douleurs, il y a de bonnes chances que tu t'en libères et que la fin en soit plus paisible. Je dirais donc comme ton entourage : le remède, c'est le temps qui passe.

Mais tu n'es pas obligée d'attendre passivement qu'il passe. Oui, aller voir un psychologue est une bonne idée. Ça ne t'enchante pas probablement parce que tu n'es pas habituée à raconter ta vie privée à un inconnu; il reste que ça peut être aidant quand même car le psychologue comprend et accepte ce que toi-même tu ne comprends pas et n'accepte pas. Il en résulte donc un soulagement.

Maintenant, le fait que le père de ta meilleure amie soit mort il y a un an a sans doute contribué à ta souffrance.

Tu nous dis que tu essaies de régler tous ses problèmes. Cette intention parle de ta générosité, de ta solidarité et ta grande amitié pour elle, et c'est très beau; cependant peut-être pourrais-tu t'y prendre d'une autre façon. Que dirais-tu de lui confirmer ton amitié pour elle, ton soutien, soit par quelques mots (une carte, un poème), soit par des gestes ou des attitudes, soit par une attitude d'écoute et d'accompagnement, ou tout cela à la fois ? Mon impression est que ceci serait plus efficace. En effet, si c'est toi qui règles ses problèmes, tu la débarrasses peut-être de certains ennuis, mais tu la prives de quelque chose de très utile et de très précieux : sa capacité de créer ses propres forces intérieures. Il est extrêmement douloureux de perdre son père, mais ce sera à elle de surmonter cette épreuve et tout ce qui en découle. Le plus beau geste d'amitié demeure, selon moi, la force de ta présence auprès d'elle.

Ton réflexe (de prendre ses problèmes à c ur) est normal et très répandu, mais je t'invite à essayer de t'y prendre de la façon décrite plus haut. J'ai l'impression que tu te sentiras mieux et ton amie aussi.

Je suis donc porté à être d'accord avec ta mère.

Quant à savoir si tu es normale, je crois bien que tu trouveras la réponse en lisant ces quelques lignes. :o)

Porte-toi bien et bien à toi.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue