Réponse à: CHANTAL (être responsable de sa vie)

Surnom: CHANTAL
Pays: Belgique
Âge: 37
Sexe: féminin

Bonjour Il y a plus d'un mois, je vous ai écris suite au suicide par pendaison de mon frère « Chantal (a trouvé son frère pendu) » et ce que Mieur Jean Rochette que m'a répondu m'a pas mal aidé (encore un grand merci), surtout à me rendre compte que ce que je vivais était normal. Un inquiétude tout de même me poursuit. Cela fait 5 semaine que je suis hospitalisée pour avoir vu mon frere pendu dans son appartement, mais aussi que depuis lors, la mort essaie de m'arracher à la vie. Je m'explique : Je n'avais plus peur de la mort depuis des années, mais l'horrible image de mon frere m'a fait peur. Les jours qui ont suivi le décès de mon frere, je m'accrochais à la vie mais c'était difficile j'avais peur de lâcher prise, peur de la mort. Mais aussi j'ai pu voir que c'était moins difficile et moins douloureux que ce que je pensais et donc j'étais attirée par cette façon de quitter le monde (mon frère et moi étions suicidaire depuis +- l'age de 12 ans) J'ai voulu me mettre à l'abris de la mort mais surtout de moi en allant à l'hopital, mais une femme s'est pendue là aussi la semaine dernière dans le jardin.

J'ai peur, ça à l'air tellement facile, j'ai peur de moi et je voudrais être à l'abris de moi-même. Auriez-vous des conseils à me donner afin de basculer completement vers la vie ?

Mon frere me manque, j'ai peur de cette facilité, peur de secouer ma famille, mon ami. Je suis une charge pour les autres, et je n'arrive plus à avoir le moral, ni a penser au lendemain. J'ai envie de réagir mais j'ai beaucoup de mal.

Bonjour Chantal.

Il y a en effet plus d'un mois, je vous ai écrit en vous annonçant un peu ce que vous risquiez de vivre au cours des prochains mois.

Je vois que vous êtes allée à l'hôpital afin de vous protéger de vous-mêmes. Je vous en félicite. N'est-ce pas là la marque, à l'intérieur de vous, d'un choix pour la vie?

Aujourd'hui, vous réalisez que tout est relatif. Même la sécurité à l'hôpital.

Vous faites face à une réalité, Chantal. Votre vie est votre responsabilité et si les intervenants, infirmiers et médecins peuvent faciliter votre protection, il n'en reste pas moins qu'ultimement, elle vous revient.

Vous vous demandez comment basculer définitivement vers la vie.

Permettez-moi de distinguer avec vous quelque chose d'important.

Les pensées suicidaires sont une chose qui peut vous arriver à cause de votre histoire familiale, de vos problèmes et surtout de l' «exemple » que votre frère vous a donné. Ces pensées peuvent venir en vous n'importe quand. Elles peuvent vivre en vous comme une sorte d'automatisme.

Elles ne parlent toutefois pas du contrôle que vous avez en vous-mêmes et des choix de vie que vous pouvez faire.

En aucun moment, les pensées suicidaires ne sont vous. Elle font partie de vous mais ne sont pas vous. Elles ne vivent pas par elles-mêmes. C'est vous qui décidez, ultimement, ce que vous en ferez.

Dans un premier temps, vous êtes allée à l'hôpital et c'est très bien. Vous avez, en faisant cela, demandé à d'autres d'assurer votre protection. Cela indique déjà qu'existe à l'intérieur de vous une décision de vie que vous ne voyez peut-être pas très bien encore. Mais elle est là, Chantal. Elle vit en vous.

Il vous reste maintenant à vous approprier cette option fondamentale. Comment faire? En constatant simplement que cette option est en vous, que fondamentalement, vous ne désirez pas vous tuer mais au contraire, briser ce cycle de malheur qui s'acharne sur votre famille et sur vous-mêmes depuis des années. En décidant de fermer définitivement cette « porte de secours » que vous avez maintenue ouverte pendant toutes ces années. C'est un choix à actualiser : c'est une décision à prendre.

Vous avez peur de vos pensées suicidaires et il est très normal d'avoir peur ainsi. Mais cette peur est aussi le reflet de votre option pour la vie.

Regardez-vous attentivement, Chantal, et choisissez (car il s'agit d'un choix) de vivre, avec tout ce que cela implique. Plus encore, choisissez d'être heureuse. Passez de victime à gagnante en vous donnant la chance de vivre. Choisissez de vivre, quoi qu'il arrive. Promettez-vous à vous-mêmes que jamais plus, le suicide ne sera une option valable pour vous. Donnez-vous le droit d'exister.

Vous réaliserez sans doute alors que vous êtes la seule responsable de votre sécurité et que somme toute, vous pouvez très bien l'assurer.

Faites-vous confiance, Chantal.

Bonne vie.

Jean Rochette, Psychologue